La nouvelle année a été marquée par les premières salves dans la bataille pour la présidence des États-Unis lors des élections de novembre 2024 : le président Biden et l’ancien président Trump se sont mutuellement accusés d’être des dangers pour la démocratie américaine.
Les deux candidats affirment qu’il s’agit d’une élection qui ne porte pas tant sur les politiques que sur le sens même du gouvernement et de la société. Dans le même temps, la Cour suprême fédérale vient d’annoncer qu’elle se pencherait sur la question du Colorado et du Maine, qui ont rayé la candidature de Trump du futur scrutin pour avoir encouragé et fomenté une insurrection contre les institutions. Et les premières primaires ne sont plus qu’à quelques jours, l’Iowa le 15 janvier et le New Hampshire le 28 janvier.
L’insurrection du Capitole
Profitant du troisième anniversaire de l’insurrection du 6 janvier 2021 et de la tentative de coup d’État au Capitole de Washington, Biden a prononcé un discours cinglant dans lequel il a accusé Trump de tenter de détruire les institutions fondamentales de la démocratie américaine, et ce, à Valley Forge en Pennsylvanie, le bivouac de l’armée de George Washington pendant la guerre d’indépendance américaine.
« Aujourd’hui, nous sommes ici pour répondre à la plus importante des questions : la démocratie est-elle toujours la cause sacrée de l’Amérique ? Il ne s’agit pas d’une question rhétorique, académique ou hypothétique. La question de savoir si la démocratie est toujours la cause sacrée de l’Amérique est la question la plus urgente de notre époque », a déclaré Biden. « C’est l’enjeu de l’élection de 2024 ». « Nous devons être clairs », a affirmé Biden. « La démocratie est sur le bulletin de vote. Votre liberté est en jeu ».
Trump a répondu en accusant Biden d’être « alarmiste ». Il affirme que Biden est le « véritable danger pour la démocratie ». Trump accuse Biden d’utiliser le ministère de la Justice pour le persécuter, l’ancien président étant désormais accusé de délits dans plusieurs affaires fédérales et au niveau des États. Trump prévient que si les Démocrates peuvent lui faire cela, ils peuvent le faire à n’importe qui. Il défend l’insurrection du 6 janvier comme une protestation légitime, faisant l’éloge des personnes condamnées et emprisonnées comme si elles étaient des héros, et continue d’affirmer que l’élection de 2020 lui a été volée par Biden et l’« État profond ».
Nécessité d’un troisième parti
Trump continue de devancer les autres candidats à la primaire républicaine de 30 points et les derniers sondages montrent que Trump et Biden sont au coude à coude. Le principal argument de Trump est que Biden est « corrompu et incompétent », notamment parce qu’il n’a pas réussi à contrôler l’immigration à la frontière sud. Avec des mots qui rappellent ceux d’Adolf Hitler dans Mein Kampf, il déclare : « L’immigration clandestine empoisonne le sang de notre nation. Ils viennent de prisons et d’institutions psychiatriques, du monde entier ». Dans ses discours, il fait l’éloge de dirigeants autoritaires comme Kim Jong-un, qu’il qualifie de « très gentil ». Et il cite Vladimir Poutine en disant que Biden le persécute.
Jusqu’à présent, les candidats des autres partis ou ceux qui se présentent en tant qu’indépendants, de Jill Stein du Parti vert aux indépendants, Cornel West et Robert F. Kennedy Jr., n’ont pas bénéficié d’une grande couverture médiatique ni du soutien du public. Pourtant, selon un récent sondage Gallup, 63 % des AméricainEs affirment qu’un nouveau troisième parti serait nécessaire. Mais les dirigeantEs des syndicats, les principales organisations noires et latinos et les groupes de femmes restent fidèles aux Démocrates, et il n’y a pour l’instant aucun signe de fissure. Avec les congés derrière nous, la compétition Biden-Trump dominera l’actualité tout au long de l’année 2024.
Bien que formulé en termes de lutte pour la démocratie, il s’agit en réalité d’un combat entre Biden, leader du parti de la ploutocratie des grandes entreprises et néolibérale, et Trump, qui représente un mouvement à tendance autoritaire et quasi fasciste.
Traduction Henri Wilno