Publié le Mercredi 18 janvier 2023 à 10h37.

Brésil : « Il est temps d’aller de l’avant contre les putschistes »

Nous publions le point de vue de Valerio Arcary, publié sur le site Esquerda online, sur la situation au Brésil après la tentative de putsch du 8 janvier dernier.

Ils ont échoué. L’« assaut contre les palais » [le Congrès, le Tribunal suprême fédéral et le Planalto — résidence présidentielle] par les bolsonaristes a été battu. Il est maintenant temps d’avancer dans l’enquête, l’arrestation et la condamnation des responsables, sans hésiter, mais surtout, sans hésiter à propos du sort à réserver à Bolsonaro.

Ne pas sous-estimer la gravité des événements

Bolsonaro est le principal responsable de l’incitation au coup d’État, depuis des années, en toute impunité. La décision du gouvernement Lula de décréter une intervention fédérale pour assurer la sécurité de Brasilia, face à la menace de coup d’État, était juste. Mais la contre-offensive doit aller au-delà de la réponse institutionnelle. C’est dans la rue que nous devrons mesurer notre force contre le « golpisme » [putschisme].

Ce qui s’est passé était une insurrection, point final. Certes chaotique, insensée, obscure, mais une insurrection. L’objectif était le renversement du gouvernement Lula. Heureusement, il n’y a pas eu de mort. Ce n’était pas une manifestation de protestation. Il ne s’agissait pas de l’« explosion » incontrôlée d’une radicalisation spontanée. L’apparente « acéphalie » de la subversion ne doit pas masquer la responsabilité de ceux qui ont préparé [et financé aussi], organisé et dirigé la tentative de prise du pouvoir. Cette subversion obéissait à un plan. C’était une tentative folle de provoquer un soulèvement. Un soulèvement non armé, mais non moins dangereux pour autant. Elle a obéi au calcul délirant selon lequel une étincelle suffirait à certains généraux pour mettre des chars dans les rues. Le fait que l’étincelle n’ait pas généré un incendie avec la sortie dans les rues de troupes de l’armée prêtes à soutenir le coup d’État ne diminue pas la gravité du soulèvement. Et cela n’annule pas le danger que représente la sympathie policière et militaire évidente pour le mouvement bolsonariste. Une opération déconcertante, articulée, planifiée et, minutieusement, orchestrée, qui ne peut être sous-estimée. Découvrir qui a donné les ordres, donc qui a commandé : tel est le défi central de ces jours-ci.

Face aux provocations fascistes : riposter !

La « débolsonarisation » doit être une stratégie continue. Une nouvelle phase s’est ouverte dans la conjoncture, une opportunité que nous ne pouvons pas manquer, suite au fiasco de l’aventure du coup d’État. Il est temps de lancer une contre-offensive sans relâche.

Malheureusement, nous devons être conscients que la société brésilienne est encore très fracturée. La victoire électorale a modifié favorablement le rapport de forces politique. Mais seule la mobilisation des masses sera en mesure d’imposer un meilleur rapport de forces social. N’oublions pas que la majorité de la bourgeoisie a soutenu Bolsonaro ces dernières années. Que les classes moyennes ont soutenu Bolsonaro. Que, bien que divisée, une partie importante de la classe ouvrière a soutenu Bolsonaro. Les provocations fascistes ne cesseront pas tant qu’il n’y aura pas de riposte. L’extrême droite doit être stoppée.

Dans une large mesure, l’aventure de ce dimanche 8 janvier était plutôt une « répétition générale ». Les forces de l’extrême droite ont basculé dans la crise suite à la défaite électorale. Bolsonaro lui-même s’est retiré démoralisé pendant deux mois et a quitté le pays. Mais les forces d’extrême droite n’ont pas encore été neutralisées, elles maintiennent des positions. Les fascistes voulaient démontrer à Brasilia qu’ils conservaient une force sociale, une ambition politique et une capacité d’action. Ils parient sur une accumulation de forces. S’ils ne sont pas réprimés par l’arrestation des responsables, en commençant par une enquête visant Bolsonaro, ils reviendront. Il ne peut y avoir d’amnistie pour les crimes commis. Le gouvernement Lula doit s’engager, pleinement, dans la voie d’une lutte contre la provocation bolsonariste. La gauche, s’appuyant sur les mouvements sociaux, devra organiser une journée nationale de mobilisation en riposte. Les fascistes ne passeront pas !

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