Une déclaration de nos camarades d’A Manca.
Aucune génération sensée n’aspire à voir la génération suivante connaître des conditions de vie plus sombres et plus précaires. Ce constat doit également s’appliquer aux générations de militantEs en lutte pour les droits du peuple corse.
« Ils haïssent profondément la liberté des peuples »
Qu’allons-nous offrir à cette jeunesse qui s’est révoltée ? Que se passera-t-il après le 24 avril prochain, quand les faucons de l’appareil d’État auront les mains libres ? Nous le disons sans ambiguïté : le pire est à redouter pour la Corse et sa jeunesse en particulier. Certains journalistes aux ordres commencent à préparer l’opinion pour justifier une répression qui pourrait être du niveau de celle des années 1980. Macron et Le Pen pourraient opter pour cette voie en maintenant la stratégie de la tension jusqu’à ce que les premiers drames se produisent. Dans ce contexte toutes les manipulations sont possibles.
La mort n’est pas une perspective d’avenir, ni pour notre peuple ni pour notre jeunesse. Nous refusons catégoriquement cette logique mortifère et revendiquons le droit au bonheur et à la paix pour le peuple corse. En face de nous se trouve une vieille puissance coloniale dont les gestionnaires actuels ont atteint des sommets dans le mépris et la négation de ce que nous sommes. Ils nous condamnent donc à la recherche d’un rapport de forces politique pour faire valoir un simple degré de liberté supplémentaire, car ils haïssent profondément la liberté des peuples qu’ils perçoivent comme une menace perpétuelle contre leurs intérêts. Ils ont une vision policière et impérialiste de l’histoire et des relations entre les peuples.
« Offrir un débouché politique audible et satisfaisant »
Nous devons absolument faire preuve de cohérence face aux périls qui nous guettent et construire une position démocratique commune sur l’autonomie législative. Cette idée d’un pouvoir législatif était une revendication populaire au début des années 2000, portée y compris par les courants les plus radicaux du mouvement national. S’il faut en passer par la poursuite de la mobilisation populaire, une internationalisation de notre lutte et d’autres modes d’action (désobéissance civile, etc.), il n’y a pas à hésiter. Par contre laisser notre jeunesse seule aller au carton dans le cadre d’une stratégie de la tension verra très certainement l’État français gagner, car il dispose de beaucoup plus de ressources et de moyens que nous sur ce terrain-là. Il faut offrir à notre jeunesse un débouché politique audible et satisfaisant qui puisse préserver notre pays du chaos. Il en va de notre responsabilité à tous les niveaux.
À très court terme la ligne de démarcation ne doit plus se situer entre majoritaires et opposants, entre autonomistes et indépendantistes, entre leaders et outsiders. Le seul clivage à la croisée des chemins se situe désormais entre les hommes et les femmes de ce pays qui veulent œuvrer de toutes leurs intelligences au service du bien commun et de l’intérêt collectif de la Corse, et les autres qui y sont opposés, où qu’ils se trouvent.