En 1972, en réponse aux manifestations et actions de jeunes militantEs kanak, le gouvernement français adoptait une circulaire (dite circulaire Messmer) demandant aux services de l’État de favoriser et d’organiser l’installation en Kanaky de métropolitains, afin de marginaliser démographiquement le peuple kanak.
Quelques années plus tard le peuple kanak devient minoritaire dans son propre pays. Après mai 1981, le gouvernement de gauche engage des discussions avec le Front indépendantiste, et la droite coloniale locale, sur l’évolution statutaire de Kanaky. Une ligne rouge : l’évolution devra se faire dans le cadre de la Constitution. Problème, dans celle-ci, il n’y a sur l’ensemble du territoire (métropole et colonies) qu’un seul peuple, composé de citoyenEs égaux en droit. UnE fonctionnaire français de passage a ainsi autant de droit à s’exprimer sur l’avenir du pays qu’unE Kanak.
Le peuple kanak s’organise
Menacé de marginalisation dans son propre pays, le peuple kanak s’organise. C’est le temps de la création du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) et des préparatifs de la mobilisation.
Il faudra attendre 1998, après quatre ans d’insurrection, des dizaines de morts (1984-1988), la réinscription par l’ONU de Kanaky sur la liste des territoires à décoloniser, pour que la France, par une réforme constitutionnelle, reconnaisse la singularité de la Kanaky et l’existence du peuple kanak. Un corps électoral est défini (les Kanak et les personnes résidant depuis au moins dix ans en Kanaky). Le corps électoral est gelé. Les électeurEs sont appelés à devenir les futurs nationaux d’une Kanaky souveraine à l’issue d’une période de décolonisation pacifique.
Les indépendantistes gagnent l’élection
L’élection en 2020 d’un congrès et d’un gouvernement à majorité indépendantiste en Kanaky radicalise la droite locale qui exige le dégel du corps électoral, pour retrouver ainsi une majorité. Engagé dans la construction d’une alliance impérialiste (dit « axe indo-pacifique ») dans la région pour contrer l’influence de la Chine, le gouvernement adopte une politique de renforcement de la présence française, civile et militaire. Le temps de la décolonisation est fini ; le temps est à la reconquête coloniale. Sur tous les terrains (politique, diplomatique, militaire, économique), l’État français est à l’offensive pour contrer le FLNKS.
Dégel du corps électoral et communauté minoritaire
Pour légaliser cette reconquête, le gouvernement soumet sa politique aux parlementaires, un projet de réforme constitutionnelle visant à dégeler le corps électoral, en l’ouvrant aux Français récemment installés, renvoyant les Kanak à un statut de communauté minoritaire.
L’heure est à la mobilisation. Le congrès du FLNKS (qui a ressemblé l’ensemble des organisations indépendantistes) lance un appel à la mobilisation sur place et à la solidarité internationale.
En France l’heure est à la reconstruction d’un mouvement de solidarité de masse, le gouvernement doit retirer son projet !
La semaine anticoloniale et antiraciste a permis de faire passer le message aux mouvements et militants anticolonialistes. La solidarité avec le peuple kanak est un élément constitutif de notre courant politique. Reste maintenant à la concrétiser.
Solidarité contre la politique de peuplement
Comme les PalestinienNEs dans les territoires occupés, le peuple kanak est victime d’une politique de peuplement, visant à rendre impossible toute possibilité d’un pays indépendant.
Dans les jours et semaines à venir le Collectif solidarité Kanaky prendra des initiatives en concertation avec le FLNKS. Le NPA et ses militantEs doivent y prendre toute leur place.
Première initiative, un rassemblement devant le Sénat, place Edmond-Rostand, s’est tenu le mardi 2 avril à 16 h pour soutenir Robert Xowie, le seul sénateur kanak, qui mène la bataille contre le dégel du corps électoral, soumis au vote de l’Assemblée nationale.