Publié le Dimanche 8 juillet 2018 à 07h09.

Kanaky : rencontre entre le NPA et l’USTKE

Le 14 juin, une délégation du NPA a rencontré, dans nos locaux de Montreuil, deux représentants de l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE) : André Forest (président) et Rock Haocas (secrétaire confédéral en charge de la communication et des relations extérieures).

La rencontre entre le NPA et l’USTKE a été l’occasion d’un échange riche entre deux organisations dont les relations ne sont pas nouvelles même si nous avons été forcés de constater, à regret, que notre parti, dont l’influence et la force de frappe demeurent modestes, n’avait pas été, ces derniers temps, à la hauteur des enjeux posés par la situation en Kanaky/Nouvelle-Calédonie.

Référendum sincère ou manœuvres politico-administratives ?

Nos camarades de l’USTKE nous ont fourni des éléments de compréhension et d’analyse de la situation du processus de « décolonisation » officiellement à l’œuvre depuis 1988 et les accords dits de Matignon, et a fortiori depuis 1998 et les accords dits de Nouméa, signés alors que Lionel Jospin était Premier ministre. Des accords qui prévoyaient notamment la tenue d’un référendum d’autodétermination, qui aura lieu en novembre prochain et dont la portée et les modalités ont été au cœur de nos échanges avec l’USTKE.

Les camarades nous ont ainsi longuement expliqué les irrégularités qui entachent déjà le référendum, avant même que celui-ci ait eu lieu, notamment dans le processus par lequel la liste électorale a été constituée : difficultés d’inscription pour les Kanak dont plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers, ne figurent pas sur la liste (que les autorités refusent de mettre à disposition), modification de la loi organique, qui permet désormais de figurer sur la liste à la seule condition d’être né sur le territoire et d’avoir 3 ans de résidence, au lieu de 10 auparavant, etc. Autant de manœuvres politico--administratives destinées à minimiser au maximum le poids des Kanak lors du vote alors que, comme nous l’ont rappelé les camarades de l’USTKE, l’évidence est qu’un scrutin d’autodétermination concerne en premier lieu le peuple colonisé… 

Aux Kanak de décider librement de leur avenir ! 

L’USTKE et le Parti travailliste se posent aujourd’hui de plus en plus la question, au vu de toutes ces irrégularités, de refuser de considérer ce scrutin comme sincère et de refuser d’y participer. Une position définitive sera arrêtée entre cet été et la rentrée, après que la liste électorale aura été rendue publique, avec un certain nombre d’inconnues, liées notamment aux nuances, voire aux divisions, au sein du mouvement indépendantiste, mais aussi aux risques que pourrait représenter une trop large victoire du « Non » lors du référendum. 

Le NPA continuera de suivre et de relayer la lutte des Kanak face au colonialisme français, et de resserrer les liens avec nos camarades sur place, dont le combat politique et social mérite d’être salué et mieux connu. Face aux poussées nationalistes et chauvines qui entachent malheureusement certaines parties de la gauche, nous ne manquerons pas de rappeler, avec d’autres, que le temps des colonies est fini et que les Kanak doivent pouvoir décider librement de leur avenir ! 

Julien Salingue