Publié le Vendredi 26 décembre 2025 à 09h00.

Mali : Les atrocités de Wagner

Au Mali, la violence exercée par les mercenaires russes contre les populations civiles se déploie dans un climat d’impunité totale, sans condamnation ni réaction des autorités maliennes. Cette stratégie de terreur aggrave une situation sécuritaire et sociale déjà catastrophique.

Arrivé au pouvoir par un putsch, Assimi Goïta a justifié son coup de force par l’incapacité du régime précédent à vaincre les djihadistes. Près de cinq ans plus tard, son bilan est catastrophique, tant sur le plan économique que sécuritaire.

Inhumanité

Si la dimension religieuse du conflit au Mali existe, elle ne doit pas occulter les questions sociales et communautaires. Les solutions de paix ne peuvent être que politiques et élaborées par les populations elles-mêmes. Elles sont urgentes, car plus le conflit s’enlise, plus les actes de violence contre les civils augmentent en quantité et en horreur.

De nombreux rapports détaillent les exactions commises par les mercenaires de Wagner. À Tinzaouaten, des drones ont bombardé la ville en guise de représailles. À Moura, pendant trois jours, des centaines de personnes ont été exécutées. Les récits de réfugiées maliennes en Mauritanie évoquent des viols massifs. Des journalistes de Jeune Afrique ont infiltré un réseau Telegram nommé « oncles blancs en Afrique 18+ », où sont vendues des vidéos d’exécutions et de tortures dans des centres installés dans les casernes de l’armée malienne. D’autres vidéos, collectées par des enquêteurs de la Cour pénale internationale, montrent des scènes de dépeçage de cadavres et même des actes s’apparentant à du cannibalisme.

Les témoignages recueillis par les organisations de défense des droits humains décrivent des incendies de villages, des pillages et des vols des maigres possessions des habitants. Ils font également état d’enlèvements avec demandes de rançon. Les principales victimes sont des Maliens des communautés peules ou touarègues, accusés à tort d’être complices des djihadistes.

Effets délétères

Dès le début de l’intervention de Wagner, en décembre 2021, les preuves se sont multipliées sur les crimes contre l’humanité. Les mercenaires semblaient agir en toute impunité. Le remplacement, en 2024, de Wagner par l’Africa Corps, structure dépendant directement du ministère russe de la Défense, n’a malheureusement rien changé à cette situation dramatique, et pour cause : plus de 80 % des membres de la société fondée par Evgueni Prigojine ont été intégrés dans la nouvelle entité.

Les comportements abjects de ces mercenaires encouragent les militaires maliens à davantage de violence contre les civilEs et accentuent les divisions, voire les haines communautaires. Les villageois contraints de coopérer avec les djihadistes sont considérés comme des complices par les autorités maliennes.

Les membres de l’Africa Corps n’ont évidemment aucun intérêt à voir la situation du pays s’améliorer, car le chaos demeure pour eux une lucrative source de revenus.

Dans les faits, Assimi Goïta garantit une totale impunité à une société militaire privée étrangère qui massacre ses propres compatriotes, contredisant ainsi ses prétentions à défendre la souveraineté du Mali.

Paul Martial