L’ancien président Donald Trump a remporté la primaire républicaine de l’Iowa à la mi-janvier, la première primaire du pays, avec 51 % des voix, le reste étant réparti entre ses rivaux, le gouverneur de Floride Ron DeSantis et Nikki Haley, l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud.
Après ce résultat, DeSantis s’est retiré de la course et a annoncé qu’il soutenait désormais Trump. Les candidats sont maintenant en route pour le New Hampshire, où Trump devrait également l’emporter.
Si la victoire de Trump est largement due à son charisme et à la loyauté de sa base, l’argent joue un rôle énorme dans les élections américaines. Les candidats républicains ont dépensé 124 millions de dollars pour l’élection dans l’Iowa, la majeure partie de cette somme étant consacrée à la publicité télévisée et aux médias sociaux tels que Facebook et Google. L’organisation de M. Trump, Make America Great Again Inc. a diffusé environ 21 000 publicités télévisées. Mais l’argent n’a pas été décisif dans l’Iowa : Haley, qui a dépensé le plus, est arrivée en dernière position.
1 112 dollars par électeurE dans l’Iowa
L’Iowa compte 2 083 979 électeurs républicains inscrits, mais seuls 15 % d’entre eux, soit 110 000, se sont présentés aux caucus, la forme que prend leur primaire, dont les réunions se sont tenues dans les 99 comtés de l’État. Les 124 millions de dollars dépensés représentent 1 112 dollars par électeurE. La population de l’Iowa est à 87,9 % blanche et le Parti républicain l’est à 95 %.
Lors de cette primaire, l’Iowa n’élit que 40 des 2 500 délégués républicains à la convention, soit moins de 2 % du total, mais parce qu’elle arrive la première, elle peut donner le ton de l’ensemble des primaires républicaines. Les Démocrates n’organisent plus leur première primaire dans l’Iowa car ils estiment qu’elle donnerait un poids démesuré à une population majoritairement blanche et rurale qui n’est pas représentative du pays.
La prochaine primaire républicaine aura lieu le 23 janvier dans le New Hampshire, où la population est à 88,9 % blanche. Cette primaire permettra de désigner 22 délégués à la Convention républicaine, soit moins de 1 % du total. Les Démocrates de l’État organiseront également une élection primaire non officielle le même jour, mais le nom du président Joe Biden, candidat présumé, ne figurera pas sur le bulletin de vote.
55 % des contributions des entreprises aux Républicains
Dans toutes les élections primaires et, plus tard, dans les élections générales, l’argent jouera un rôle clé dans la détermination du vainqueur. L’affaire Citizens United vs. Federal Election Commission, jugée en 2010 par la Cour suprême, a renversé des règles électorales établies de longue date, et a permis aux riches particuliers, aux entreprises, aux syndicats et à d’autres de dépenser des sommes illimitées pour les élections. Cela a conduit à la création de « super-PACS » (comités d’action politique) qui peuvent accepter des contributions illimitées et les dépenser en faveur ou contre des candidats. On estime que 55 % des contributions des entreprises vont aux Républicains et 45 % aux Démocrates. Les Républicains reçoivent également des fonds de nombreux groupes conservateurs, tels que les chrétiens évangéliques qui ont contribué à hauteur de 2,3 milliards de dollars à l’élection de 2020, presque entièrement au profit des Républicains. Les Démocrates reçoivent également des fonds des syndicats, des organisations de NoirEs, de Latinos, de femmes et de LGBT. Les syndicats ont versé 1,8 milliard de dollars, dont la quasi-totalité aux Démocrates pour l’élection de 2020.
« Le comité exécutif de la classe dirigeante »
Le mouvement Occupy Wall Street de 2011 a exigé que l’argent des entreprises soit retiré de la politique. Bernie Sanders a repris ce cri en 2016 lorsqu’il s’est présenté à l’élection présidentielle. Comme l’a déclaré Nina Turner, coprésidente de la campagne de Sanders, « le trop-plein d’argent dans la politique étouffe les voix des gens ordinaires. Cela fait partie du casse-tête américain : plus on a d’argent, plus on peut s’exprimer. Cela exclut les gens ordinaires de l’équation ».
La gauche américaine au sens large convient que l’argent permet aux entreprises d’acheter le gouvernement qu’elles souhaitent, de sorte qu’il devient, selon les termes de Karl Marx, « le comité exécutif de la classe dirigeante ». L’alternative est la construction d’un mouvement de masse de la classe ouvrière et des personnes opprimées qui pourraient utiliser leur puissance sociale et politique pour créer un pays plus démocratique et socialement progressiste.