Publié le Jeudi 13 novembre 2025 à 11h00.

Victoire du socialiste démocrate Zohran Mamdani à New York

Zohran Mamdani, député de 34 ans d’origine indienne, musulman, immigré et socialiste démocrate, a remporté le 4 novembre l’élection municipale de New York, battant l’ancien gouverneur de l’État, Andrew Cuomo, âgé de 67 ans. Il a obtenu la moitié des deux millions de suffrages exprimés. Il devient ainsi le premier musulman et le premier socialiste à diriger la ville.

Mamdani a fait campagne sur un programme prévoyant le gel des loyers, la gratuité des transports publics et la mise en place de crèches gratuites. Et, bien que ce ne soit pas un axe central de sa campagne, il a clairement affiché son soutien à la Palestine et promis de faire arrêter Benyamin Netanyahou pour crimes de guerre s’il venait à New York. Ses adversaires l’ont traité d’antisémite et ont même suggéré des liens avec le Hamas, mais il a tout de même recueilli un tiers du vote juif. Il a bénéficié d’un large soutien chez les jeunes, les locataires, les syndiquéEs et les électeurEs noirEs et latinos.

D’immenses défis pour Mamdani

La victoire de Mamdani représente un revers pour le président Donald Trump et son Parti républicain, d’autant qu’elle s’ajoute à plusieurs autres victoires démocrates. Elle marque aussi un succès pour l’aile progressiste du Parti démocrate et pour les Democratic Socialists of America (DSA), la plus grande organisation socialiste du pays, forte d’environ 80 000 membres.

Lorsqu’il prendra ses fonctions le 1er janvier 2026, Mamdani devra affronter d’immenses défis. Trump a déjà laissé entendre qu’il ferait payer à Mamdani et aux New-Yorkais le fait d’avoir élu un socialiste. Et il en a le pouvoir : il peut bloquer des financements destinés à la ville, envoyer les agents de l’immigration (ICE) et la Garde nationale, et soutenir les intérêts financiers et les ­promoteurs immobiliers opposés à Mamdani.

Dans son discours de victoire, Mamdani a déclaré à ses partisanEs : « Nous mettrons fin à la culture de corruption qui a permis à des milliardaires comme Trump d’échapper à l’impôt et de profiter des niches fiscales. » S’adressant directement au président, il a ajouté : « New York restera une ville d’immigréEs : une ville construite par des immigréEs, portée par des immigréEs et, à partir de ce soir, dirigée par un immigré. Alors écoutez-moi, président Trump : pour atteindre l’unE d’entre nous, il vous faudra passer par nous toustes. »

De nombreux revers pour Trump

Partout dans le pays, les Républicains ont subi des défaites le 4 novembre. En Virginie, l’ancienne députée démocrate Abigail Spanberger a battu la vice-gouverneure républicaine Winsome Earle-Sears, 51,2 % contre 42,6 %, devenant gouverneure de l’État. Au New Jersey, la députée démocrate Mikie Sherrill a défait le candidat de Donald Trump, Jack Ciattarelli, ancien député local. Ces deux élues appartiennent au courant des National Security Democrats : non pas des « faucons », mais des partisanEs d’une armée forte et de l’usage du soft power, comme l’aide internationale. Spanberger est une ancienne agente de la CIA et Sherrill une ex-officière de la marine. Toutes deux peuvent être qualifiées de démocrates modérées, non progressistes, mais elles s’opposent fermement à Donald Trump et à son parti. En ce sens, leur élection constitue aussi une victoire de l’opposition.

En Californie, le gouverneur Gavin Newsom et les démocrates ont remporté le référendum sur la Proposition 50, qui leur permet de redessiner les circonscriptions électorales pour obtenir davantage de sièges au Congrès. Le oui l’a emporté à 64 % contre 36 %, une victoire éclatante pour les démocrates. Cette mesure répond à une initiative texane visant à remodeler les districts au profit des républicains.

L’extrême gauche, c’est-à-dire les courants se revendiquant « socialistes révolutionnaires » comme Solidarity et Tempest, a refusé de soutenir Mamdani sous prétexte qu’il se présentait sous l’étiquette démocrate. Ces groupes appellent plutôt à la construction de mouvements de masse pour affronter Trump et les deux grands partis. La majorité des progressistes américains, quant à elleux, misent sur une combinaison de mobilisations de rue, comme les journées No Kings, et de victoires électorales démocrates pour faire barrage à Trump.

Dan La Botz