Comme un vent de Mai 68 : le parallèle entre cet événement politique majeur et la mobilisation qui a cours aujourd’hui contre le gouvernement Macron est sur toutes les lèvres. Et on est loin de se limiter à une simple coïncidence temporelle.
Il y a tout d’abord la forme que prend la mobilisation étudiante contre la sélection à l’université, à savoir un mouvement d’occupation des universités qui touchent de nombreuses facs, certaines pour la première fois. La tentative d’occupation de la Sorbonne survenue récemment – et son évacuation – rappelle l’expulsion des étudiantEs de l’édifice, survenue le 3 mai 1968, qui déboucha une semaine plus tard sur la « nuit des barricades » où les étudiantEs s’affrontèrent aux CRS pour défendre le quartier Latin.
L’étincelle étudiante
C’est en soutien aux étudiantEs de la Sorbonne réprimés que commença, le 13 mai 1968, le plus grand mouvement de grève générale de l’histoire de France, qui allait conduire à une remise en cause profonde du régime gaulliste, et provoquer une crise politique majeure. 50 ans après, c’est bien le fait de recommencer, et de construire cette convergence étudiantEs-travailleurEs, qui serait la meilleure manière de fêter cet anniversaire.
Un constat d’autant plus vrai que, si les étudiantEs se mobilisent aujourd’hui, c’est pour défendre les acquis de l’université obtenus de haute lutte lors de ce joli mois de mai. Le 24 avril 1968, le Conseil des ministres traite des mesures envisagées pour « contrôler et normaliser la croissance des effectifs des étudiants », autrement dit introduire la sélection à l’université. La révolte de mai dissuadera les classes dominantes de ce projet et pour longtemps : il faudra attendre 1986 et la loi Devaquet pour qu’elles le retentent… et qu’elles reculent à nouveau face à la mobilisation qui leur fait face.
Convergences
Aujourd’hui, Macron, galvanisé par sa posture jupitérienne, et par le peu de réactions que ses attaques avaient suscité durant les premiers mois de son mandat, pense pouvoir nous reprendre cet acquis. Si il y a actuellement très peu d’enfants d’ouvrierEs (environ 10 % alors qu’ils représentent 29,2 % des jeunes) à l’université, le projet du gouvernement aura pour conséquence de leur en interdire purement et simplement l’accès. À nous de lui montrer qu’il se trompe en pensant pouvoir faire passer sa contre-réforme, à nous d’imposer une université gratuite et ouverte à toutes et tous… et pas seulement sur le papier.
Ce dernier point est l’un des aspects centraux de la convergence avec les travailleurEs, et en particulier avec les cheminotEs. Si nous nous battons à leur côté, c’est bien parce que la perspective d’une université où leurs enfants puissent accéder les concerne aussi, tout comme la casse du service public ferroviaire nous concerne toutes et tous. Surtout, le mouvement ouvrier et le mouvement étudiant ont un potentiel explosif qui fait peur à n’importe quel gouvernement : c’est la principale leçon que nous pouvons tirer de Mai 68. 50 ans après, le combat continue !
Renaud M.