Depuis le 14 mars, le pass vaccinal est suspendu, le masque plus obligatoire, sauf dans les transports et les hôpitaux. Macron, chef de guerre en campagne présidentielle, doit avoir vaincu le covid. Pour une population lassée des restrictions, cela sonne comme l’annonce de la fin de la pandémie. Pourtant chaque jour plus de 100 personnes meurent en France du covid, et les contaminations repartent à la hausse, comme partout en Europe, avec 200 morts par jour en Allemagne.
À court terme, en l’absence d’une nouvelle mutation importante – BA.2 ne l’est pas, et deltacron ne semble pas progresser réellement –, un nouveau pic immédiat de mortalité n’est pas l’hypothèse la plus probable, car le virus va rencontrer une population fortement vaccinée et immunisée par les millions de contaminations de la cinquième vague. Mais entre émergence d’un nouveau variant et recrudescence hivernale, le covid est loin d’avoir dit son dernier mot.
Il faut en profiter pour renforcer le système de santé et l’hôpital, tirer le bilan d’une gestion autoritaire du covid et d’un pass sanitaire que nous refusons, qui a échoué à convaincre les hésitantEs de la vaccination et oublié les plus éloignéEs du système de santé. Et ouvrir le grand chantier de la qualité de l’air intérieur face à un virus aérosol, continuer à défendre les gestes barrières, notamment à l’intérieur, encore plus pour les non-vaccinéEs, les immuno-dépriméEs, les porteurEs de co-morbidités, les personnes âgées ou en contact avec elles.
Apartheid vaccinal
En février, le sommet Union européenne-Afrique et le conseil de l’OMC ont accouché d’une souris en matière d’accès aux soins. Victime d’apartheid vaccinal, l’Afrique doit importer 99 % de tous ses vaccins et se bat avec l’Inde pour la levée des brevets. Une levée toujours refusée par l’Europe et Big Pharma, qui ont défendu les dons de doses, et vanté leur soutien aux initiatives de l’OMS pour la fabrication de vaccins sur le sol africain. Afrigen a en effet réussi à mettre au point au Cap sa propre version du vaccin Moderna, par la technique de l’ingénierie inverse, avec le soutien de l’OMS. Mais faute de levée des brevets et de transfert de technologie, tous les essais sont à refaire ! Il faudra donc attendre 2024 pour finir les études et lancer la production. Sans compter que BioNTech a fait pression sur le gouvernement sud-africain pour l’abandon du projet, selon une enquête du British Medical Journal. BioNTech qui communique sur un centre de fabrication pour vaccins ARN en conteneur pour les pays émergents, ce qui au passage lui permet de garder les licences, les technologies et de maîtriser les prix et les zones d’exportation de ses vaccins « africains ». Mise en route prévue de la production, mi-2023. Bonjour l’urgence !
Regain de l’épidémie en Asie
Ceux qui ont vu omicron comme une bénédiction ou une grippette devraient tourner leur regard vers l’Asie. Hong Kong, 7,5 millions d’habitantEs, épargnée depuis deux ans par le covid, connait chaque jour avec omicron entre 100 et 200 morts, soit en un jour autant que le total des décès depuis le début de la pandémie. Ses hôpitaux sont saturés, les contaminéEs parqués dans des camps sanitaires. La reprise en main par la Chine, c’est aussi une gestion sanitaire ultra-autoritaire ! Face à Hong Kong, Shenzen et ses 17 millions d’habitantEs sont confinés. Surnommée « l’usine du monde », la « Silicon Valley chinoise », la région de la rivière des perles est l’un des plus grands centres de valeur au monde, avec sa production de semi-conducteurs ou d’iPhone, aujourd’hui à l’arrêt. Tout un symbole, le capitalisme rouge confine sa population, mais propose à Foxconn, qui produit ses iPhone à Shenzen, de poursuivre sa production avec un système de « gestion fermée ». Ses ouvrierEs vivraient et travailleraient enfermés dans une bulle coupée de la population ! Omicron met d’autant plus en péril la stratégie du zéro covid que les vaccins chinois sont seulement efficaces à 35 %, à deux doses, pour neutraliser omicron, comme le montre, après beaucoup d’autres, une étude de l’Université de Hong Kong sur le Sinovac. Le vaccin inactivé Sinovac est l’un des plus utilisés au monde, avec des milliards de doses exportées ou fabriquées dans 48 pays.
Les capitalistes sont bien incapables de renforcer les systèmes de santé face à la pandémie et à ses suites, de défendre une gestion démocratique du covid, par la mobilisation des populations, sans compter l’inaction face au désastre climatique, dont la conséquence n’est pas seulement le réchauffement, mais aussi la probabilité de nouvelles émergences pandémiques.