Alors que l’épidémie flambe, Macron a déclaré le jeudi 25 mars qu’il n’a « aucun mea culpa à faire, ni aucun remords ni aucun constat d’échec », et qu’il a « eu raison de ne pas reconfiner la France ». Peu lui importe que son interprétation de l’évolution de la pandémie soit contestée par la plupart des scientifiques et que le nombre de contaminations mortifères s’amplifie.
Alors que le monarque refuse de reconnaître la moindre erreur, Véran, son ministre de la Santé, a dû admettre que « la tendance est presque partout à l’accélération de l’épidémie ». Les chiffres montrent en effet que la situation sanitaire se dégrade un peu partout en France. Les épidémiologistes avaient prévenu depuis des semaines de la diffusion importante du variant anglais. L’organisme officiel Santé publique France (SPF) faisait part de la dégradation de l’ensemble des indicateurs et annonçait que le pays allait être confronté à une troisième vague. Dans les hôpitaux, l’inquiétude montait aussi, les taux d’hospitalisation et d’admission en soins critiques qui avaient diminué chez les personnes de 75 ans et plus, traduisant l’impact du niveau de couverture vaccinale dans ce groupe d’âge, ont commencé à augmenter dès la mi-mars.
Depuis le début de la pandémie, une gestion meurtrière
Un rapport rédigé par des parlementaires entre mars et décembre 2020 dénonçait un manque d’anticipation et une « gestion chaotique » de la crise, notamment le manque considérable de masques, la baisse des stocks depuis 2012 qui « semble s’être opérée dans l’indifférence ou l’ignorance du pouvoir politique » et les retards pris dès le début de la crise malgré la gravité de la situation en Italie. À la date du premier confinement (17 mars), seulement 13 000 tests avaient été effectués, soit 20 fois moins qu’en Allemagne (250 000). Ça ne s’améliore pas pendant le confinement : 547 000 tests en France et 2,9 millions en Allemagne. Pour tenter de se justifier, le gouvernement a émis des contre-vérités sur l’inutilité des masques, des tests. La politique de vaccination sera à l’identique un fiasco qu’il tentera de cacher par des mensonges1.
À l’automne, Macron, qui conditionnait auparavant la fin du deuxième confinement à 5 000 cas de contaminations par jour décide de le lever le 15 décembre et de le remplacer par un couvre-feu alors qu’en France 11 532 nouveaux cas de contamination en 24 heures sont enregistrés. Durant la journée, il n’y a plus de restrictions des déplacements pour aller travailler et s’entasser dans les transports mais la population est privée de la plupart des loisirs avec la fermeture des cinémas, théâtres, musées, enceintes sportives, restaurants...
Indicateurs au rouge
Pour Jupiter tout va bien, il altère la réalité qu’il veut conforme à sa vision de la situation. Il ne pouvait certainement pas ignorer le rapport épidémiologique de SPF publié le 25 mars 2021, le même jour que son discours sans mea culpa. La semaine du 15 au 21 mars 2021 il y a eu 209 839 nouveaux cas de Covid-19 contre 179 556 la semaine précédente, soit une hausse de 17 %. Le taux d’incidence national (nombre de personnes testées positives) connaît aussi une augmentation importante, passant de 268 cas pour 100 000 habitantEs la semaine précédente à 313.
Pas de fermetures non plus dans les écoles alors que les chiffres auraient dû inquiéter le gouvernement. Les scolaires de moins de 18 ans représentent 18 % des tests positifs. Le rapport de SPF constate que le coronavirus circule de manière accrue au collège et au lycée : 431 cas positifs pour 100 000 personnes chez les 15-17 ans et 350 chez les 11-14 ans. Mais pour le ministre de l’Éducation nationale, Blanquer, interrogé sur la fermeture des écoles : « Tout notre travail consiste à éviter cette hypothèse, même si elle reste concevable en cas de nécessité absolue. L’école reste essentielle pour nos enfants ». Il a annoncé le vendredi 26 mars un protocole renforcé dans les établissements scolaires de tous niveaux situés dans les 19 départements sous « mesures de freinage renforcé », mais s’est refusé à fermer les écoles, dont le rôle dans la propagation du virus est sous-estimé selon plusieurs scientifiques et selon les personnels de plus en plus mobilisés (lire page 8).
Des comptes à rendre
À l’hôpital, les indicateurs continuent de se dégrader. Entre le 15 et 21 mars une nouvelle hausse des hospitalisations est à déplorer : 10 881 contre 9 777 la semaine précédente. Pour ces mêmes dates, le taux d’hospitalisation des plus de 75 ans qui avait nettement diminué auparavant augmente à nouveau. La pression en services de réanimation s’accentue avec 411 nouvelles admissions contre 2 251, soit + 7 %. Il y a désormais plus de 4 700 malades du Covid-19 occupant les services de réanimation. Le nombre de décès a augmenté : 1 789 contre 1 727 , soit + 4 %.
Le virus circule aussi sur les lieux de travail où il faut souvent déplorer des morts de collègues, par exemple dans l’automobile, Toyota à Onnaing (département du Nord) où toute l’usine est en train de devenir un cluster : 58 ouvriers ont été renvoyés ou maintenus chez eux pour suspicion ou cas Covid et ils doivent subir des pertes sur les salaires et les primes. À l’usine PSA de Poissy, qui compte plus de 3 500 salariéEs il y eu 20 cas contacts depuis le début de la pandémie, 45 cas de Covid, (trente selon la direction qui refuse de prendre en compte les intérimaires et sous-traitants) et trois décès.
Le pire est sur le point d’arriver. Faute de place, il est maintenant question d’installer des tentes devant les hôpitaux, et les soignantEs vont être obligés de trier entre les patients qu’ils pourront prendre en charge et ceux qu’ils laisseront mourir. Ce n’était pas une fatalité, les responsables politiques de gauche et de droite qui ont démantelé l’hôpital public depuis des années, et qui continuent à le démolir, devront rendre des comptes.
- 1. Lire l’article de Gérard Chaouat : « Retour sur la faillite vaccinale » dans l’Anticapitaliste n°561 du 25 mars 2021.