Depuis 2016 les soignantEs de pédopsychiatrie du 19e arrondissement de Paris luttent dans le cadre d’un collectif en lien avec d’autres collectifs du secteur social et médico-social. Dans un appel au soutien distribué lors de leur mobilisation du 17 avril, ils et elles expliquent les raisons de leur lutte1.
Ils et elles s’opposent à la politique des gouvernements successifs en exigeant par exemple d’en finir avec les recommandations de « bonnes pratiques » qui camouflent le désinvestissement de l’État dont l’objectif est d’en finir avec la gratuité des soins pour les enfants au profit des start-up en santé mentale. Ils et elles veulent avoir du temps disponible pour recevoir les enfants, les parents, établir des liens avec les enseignantEs, l’aide sociale à l’enfance, les institutions médico-sociales, les associations de quartier. Ils et elles veulent soutenir les enfants dans leurs potentialités, et élaborer collectivement des soins adaptés à chacun d’entre elles et eux.
Comme la quasi-totalité des services de psychiatrie et de pédopsychiatrie, ils et elles sont soumis à l’équivalent de la tarification à l’activité (T2A), intitulée la « Valorisation de l’acte en psychiatrie » (sic !), et à des recommandations de « bonnes pratiques » comme s’ils exerçaient dans des entreprises capitalistes. Ils et elles doivent recevoir leurs jeunes patientEs moins longtemps, des centaines d’enfants attendent une première consultation de six mois à un an.
Ils sont aussi soumis à des outils de contrôle gestionnaire. Il y a donc de moins en moins de place faite à la confiance et à l’intelligence collective. Cette rationalisation du travail est incompatible avec le cœur de leur activité et a pour conséquence une grande souffrance éthique.
S’opposer à la désagrégation généralisée de la pédopsychiatrie
Les soignantEs du 19e arrondissement de Paris expliquent que le projet gouvernemental et technocratique vise à ce que des soins réduits soient assurés par le secteur associatif et libéral, « une pédospy guichet » ou « low-cost » qui n’accompagne plus, ni ne soigne les enfants et leurs familles, même les plus démunies, au quotidien et sur le long terme, et qui ne travaille plus avec l’école, la PMI, l’aide sociale à l’enfance… qui souffrent des mêmes attaques et coupes budgétaires. Ils et elles expliquent qu’« il est impératif de construire un front large déjà amorcé par de nombreux mouvements, notamment les Gilets jaunes, pour nous rendre visible et rendre visibles les populations les plus précaires avec qui ils travaillent ! »
Ils et elles citent en conclusion de leur appel le psychiatre Lucien Bonnafé : « On juge du degré de civilisation d’une société à la façon dont elle traite ses fous », en ajoutant que « si la psychiatrie est la loupe grossissante de notre société, alors n’attendons plus pour élargir et structurer nos luttes. » Ils et elles discuteront des suites de leur mouvement en assemblée générale le 7 mai. Le NPA partage leurs analyses et appelle au soutien le plus large de leur mobilisation.
S. Bernard
- 1. Lire l'appel en ligne.