« 30 % des dépenses de l’assurance maladie ne sont pas pertinentes » ; « Nous allons fermer les lits qui ne servent à rien, ou les réorienter vers de nouveaux besoins » : pour justifier les nouvelles coupes dans les dépenses de santé et les nouvelles attaques contre l’hôpital, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, ne lésine ni sur les grosses ficelles ni sur les gros mensonges.
Qu’importe si personne au ministère n’a été capable d’argumenter le chiffre astronomique de « dépenses non pertinentes » annoncées par la ministre. Quant aux « lits qui ne servent à rien », il suffit, pour en juger, de se rendre dans les services d’urgences hospitalières, et d’y voir des malades attendant sur des brancards, dans les couloirs, que des lits se libèrent dans les services bondés de l’établissement.
Trois milliards d’euros de réduction de crédits
Les contes et légendes de la ministre n’ont qu’un but : faire croire qu’il existe des « marges de manœuvre énormes » pour couper encore et toujours dans les dépenses hospitalières.
Sur les trois milliards d’euros de réduction de crédits que le gouvernement entend imposer à l’assurance maladie, la moitié doit être assumée par les établissements hospitaliers, où règne déjà l’épuisement professionnel, du fait du manque de personnel et d’une gestion donnant la priorité à la « productivité » sur la qualité et la sécurité des soins.
Pour une part la ministre n’a fait que reprendre les recettes des gouvernements précédents. L’extension de la « chirurgie ambulatoire » consiste à faire sortir l’opéréE le jour même de son intervention et permet de diminuer fortement les coûts. Cela devrait concerner 70 % des actes chirurgicaux en 2020, pour le plus grand bien de la productivité des établissements mais pas forcément pour celui des malades dont la sécurité et le suivi des soins, une fois sorti, de l’hôpital n’est souvent pas garantie.
Faire plus et mieux avec moins de personnel et de moyens
Vieille recette aussi : l’augmentation du forfait hospitalier de 2 euros sera à la charge des patientEs ou de leur assurance complémentaire… dont les tarifs ne cessent d’augmenter.
Au chapitre des nouveautés : la remise en cause de « tarification à l’activité » présentée depuis 15 ans comme la formule miracle pour financer les établissements hospitaliers.
Notre ministre libérale « découvre » cette vérité élémentaire : la course à la rentabilité pour chaque établissement pousse les gestionnaires à la multiplication des actes qui rapportent le plus, et ce au détriment des malades et d’une utilisation rationnelle et intelligente des ressources de la Sécurité sociale.
Mais pour elle, la « solution » consiste à étrangler encore plus l’hôpital sous couvert de « promouvoir l’excellence » : faire plus et mieux avec moins de personnel et de moyens.
C’est que le but poursuivi, dans la continuité des lois « Bachelot » et « Touraine » n’est pas de donner à l’hôpital public les moyens de remplir ses missions, mais de transférer celles-ci à des réseaux de soins privés sous le contrôle des assurances « complémentaires ».
Jean-Claude Delavigne