«Le syndrome de Vilvoorde » – emblématique de tous les renoncements de la gauche plurielle – voilà à n’en pas douter ce qui amène le président et son gouvernement à monter au créneau contre le géant Lakshmi Mittal, Montebourg parlant même de « nationaliser » le groupe France. Pourtant, la famille Mittal s’indigne publiquement et Montebourg s’empresse de calmer le jeu… et Hollande de recevoir Mittal mardi 27 novembre. Ne rien faire en ces jours décisifs pour Florange serait catastrophique pour un gouvernement socialiste de plus en plus impopulaire. Au moins, faisons mine d’agir…Les trois conditionsLa posture anticapitaliste adoptée par le PS témoigne aussi de la montée de l’idée d’appropriation publique, d’expropriation, de réquisition même. Mais il faut préciser au moins 3 points.– Cette nationalisation ne peut être partielle : le site de Florange est fournisseur et client d’autres sites de Arcelormittal France. Dans le contexte de la crise du capitalisme, dans la situation de très fort endettement du groupe Arcelormittal, les sites de Dunkerque et Fos sont également en danger. Pour la sauvegarde de tous les emplois, des 20 000 emplois d’Arcelormittal-France, il faut une politique cohérente, une nationalisation totale.– Cette nationalisation, évidemment, ne peut être temporaire, ce serait une imposture à l’anglaise ou à l’américaine : investissements publics massifs pour redémarrer les hauts fourneaux pour préparer les profits des actionnaires-repreneurs ! Nouvelle socialisation des pertes, privatisation des gains, non merci ! Ce scénario n’est que trop connu dans les vallées de la Fensch et de l’Orne.– Cette nationalisation ne peut donner lieu à indemnisation : les subventions publiques ont été abondantes, la charge de l’indemnisation du chômage partiel a été publique et les impayés d’impôts d’Arcelormittal sont estimés à 1,3 milliards d’euros. Donc plus un euro pour les actionnaires !Tout le secret qui entoure l’approche de repreneurs éventuels est absolument humiliant pour les salariés et n’indique rien de bon. Les « investisseurs » de demain ne seraient pas plus « sérieux » ni plus « vertueux » que ceux d’hier. Collectivement, nous devons prendre confiance en nous-mêmes, ouvriers, administratifs, techniciens, cadres et ingénieurs, nous devons apprendre à nous passer d’eux !Fernand Beckrich
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