Publié le Dimanche 2 juin 2013 à 14h05.

Dossier : Ce gouvernement doit battre en RETRAITE.

 

La chanson on la connaît par cœur, cela fait 20 ans que les gouvernements successifs radotent le même argument : on vit plus longtemps, on doit donc travailler plus longtemps. Le gouvernement Hollande-Ayrault continue le baratin avec le même objectif : la remise en cause de notre système par répartition et la baisse du niveau des pensions.Dès maintenant, se mobiliser !

Ca y est, Hollande a lâché le morceau lors de sa dernière conférence de presse : « Il faut tenir compte de notre démographie. Dès lors que l'on vit plus longtemps, on devra travailler un peu plus longtemps », reprenant ainsi mot à mot les arguments de Fillon et de Sarkozy en 2010. Pour nous faire avaler la pilule,  ils ont décidé de refaire le coup de l’ANI avec le fameux pseudo « dialogue social ». Occuper ainsi avant l'été, dans les salons, les organisations syndicales, puis faire voter le projet à la sauvette courant septembre pour éviter tout débat et toute mobilisation dans la rue.Le gouvernement sait d’ores et déjà que sa future contre-réforme, qui consistera à allonger encore la durée de cotisations et à abaisser drastiquement les pensions considérant sans doute que les retraitéEs sont des riches, sera impopulaire. Il veut donc aller vite, quitte à froisser son meilleur VRP dans le mouvement social, la CFDT qui demande déjà un peu plus de temps.Les salariéEs refusent de mourir au travailL’offensive patronale et gouvernementale se poursuit donc, sans cesse relayée par les commentateurs en tout genre, par l’idée que les retraites c’est un problème démographique, et qu’il faut travailler plus longtemps. Mais, encore une fois, il faut l’affirmer haut et fort : les retraites c’est avant tout une question de répartition des richesses et du travail. Les moyens existent pour financer les retraites et garantir le droit à la retraite à 60 ans maximum, à 55 ans pour les salariéEs ayant subi des travaux pénibles, avec 75 % du salaire brut, calculé sur les six meilleurs mois de salaire, avec 37,5 annuités de cotisation (temps de travail, de chômage, de formation et d’études compris). Pour cela, il faudrait augmenter les salaires, réduire le temps de travail pour permettre à toutes et tous de travailler, augmenter les cotisations patronales, arrêter les exonérations et les cadeaux fiscaux en tout genre… Bel et bien un choix de société.Face à cette nouvelle attaque majeure, la riposte est nécessaire et indispensable. Pour le NPA, l’urgence est à la riposte unitaire. La gauche sociale et politique doit s’unir et ne rien lâcher sur le fond pour défendre les retraites sans attendre. Il faut construire une mobilisation d’ampleur pour faire céder ce gouvernement, mobilisation qui doit commencer en premier lieu si cela est possible autour du dit « sommet social » des 20 et 21 juin.Patronat et gouvernement veulent, à travers cette nouvelle attaque contre nos retraites, continuer à nous imposer l’austérité. Nous devons leur montrer ces prochains mois notre détermination à nous y opposer, comme nous avons su le faire en 2003 et 2010. C’est le moment d’agir, toutes et tous ensemble !Sandra DemarcqQuestion de chiffres…La « conférence sociale » des 20 et 21 juin prochains a été annoncée le 13 mars dernier par le ministre du Budget, un certain Jérôme Cahuzac, un vrai spécialiste en matière de justice sociale ! C’est dire que le démantèlement de l’État social en France, mais sous le contrôle étroit de l’UE, va continuer, aujourd’hui les retraites, l’étape suivante étant les allocations familiales.La question des retraites doit être examinée de différents points de vue : démographique, économique, social, et aussi, mais pas uniquement, financier.Démographie. Le raisonnement officiel est simple : on vit plus vieux, on doit travailler plus tard… En effet, les prévisions de l’Insee montrent d’une part une population qui continue de croître et d’autre part un certain vieillissement : les plus de 60 ans passeraient de 24 % aujourd’hui à 26 % en 2020, alors que la population d’âge actif (les 20-59 ans) diminuerait de 2 %. (sur ces deux aspects la situation est bien pire en Allemagne ou au Japon).L’espérance de vie à la naissance continue certes d’augmenter : 78,4 ans pour les hommes et 84,8 pour les femmes. Mais, l’INED (Institut national d’études démographiques) a publié récemment un article soulignant la baisse de l’espérance de vie en bonne santé : « En France, après une période d'amélioration jusqu'en 2006 la situation semble se dégrader, pour des causes a priori à la fois environnementales (qualité de l'air, de l'eau et de l'alimentation) et comportementales (tabagisme, alimentation, sédentarité…). Comme dans d'autres pays européens (depuis 2006 en France), « l'espérance de vie sans incapacité » (EVSI) a commencé à décliner en 2006 et a chuté d'environ un an de 2008 à 2010, passant de 62,7 ans à 61,9 ans d'espoir de durée de vie sans incapacité pour les hommes, et de 64,6 ans à 63,5 ans pour les femmes ».Économie. La situation est mauvaise. Le partage de la valeur ajoutée continue d’être favorable aux entreprises, mais la croissance du PIB est nulle en 2012, et baisse même sur les deux derniers trimestres connus. D’où les 3 (définition étroite) ou 5 (définition large) millions de chômeurs, pour lesquels aucune amélioration n’est en vue. Les recettes du système de sécurité sociale en subissent les conséquences, d’où pour les régimes de retraite un déficit de 14 milliards. Pourtant, le montant des retraites ne représente qu’environ 14 % du PIB, à comparer aux 25 % de la population de plus de 60 ans.Tous les moyens sont bons…Comment faire baisser les retraites ? Depuis 30 ans, tous les gouvernements s’y sont appliqués en utilisant tous les moyens possibles : durée de cotisations, âge de départ en retraite, décote pour les carrières dites « incomplètes » (ce qui pénalise particulièrement les femmes), taux de remplacement en baisse (quotient du montant de la retraite et du dernier salaire).Sur le premier point, il ne faut pas confondre « durée de cotisations » servant au calcul de l’âge de départ en retraite, pour laquelle les périodes de chômage peuvent être comptabilisées sous certaines conditions, et « durée de cotisations » servant au calcul du montant de la retraite où les périodes de chômage ne comptent évidemment pas. En particulier aujourd’hui de nombreux salariés sont déjà hors emploi quand ils arrivent à la retraite. Et l’allongement de la durée est déjà effectif : le taux d’emploi des séniors (55 à 64 ans) est passé en 10 ans de 30 % à 42 %.L’objectif ultime du Medef et du secteur financier est bien sûr de passer à la capitalisation. Nous n’en sommes pas encore là, mais seul un mouvement encore plus fort que celui de 2003 pourra l’empêcher.Jacques CherbourgC'est du salaire !Les retraites sont encore largement  financées par les cotisations sociales. Que l'on soit en formation, au travail, en maladie, au chômage, en charge de famille ou en retraite, nous avons droit à un salaire prélevé sur la richesse produite.Plus de 200 milliards d'euros, soit un cinquième de la masse salariale, vont aux retraités. Ce salaire n'est pas différé mais socialisé. Les cotisations ne sont pas mises de côté, ou placées en épargne ou en bourse, pour être reversées pour nos vieux jours. Les salaires versés par le patronat financent immédiatement les retraites. Ainsi, le retraité continue à toucher du salaire durant toute sa vie, alors qu’il est n’est plus sous la subordination d’un employeur.Salaire et pensionLes pensions des fonctionnaires de l’État sont financées directement par l’État employeur. Avec la création en 1947 de l’AGIRC, les cadres du privé sont les premiers à entrer dans la logique des fonctionnaires, et partent en retraite avec une pension à taux plein s’ils ont eu une carrière complète, alors qu’ils n’ont pas cotisé, puisque le système n’existait pas. Le taux de remplacement, c’est-à-dire le montant moyen des retraites du privé pour une carrière complète, était en 1993 égal à 84 % du dernier salaire brut du privé.Les contre-réformes dissocient les pensions des salaires. L’indexation des retraites sur les prix au lieu des salaires, ainsi que les contre-réformes, ont eu pour conséquence de diminuer constamment le taux de remplacement. Sans riposte sociale, le pire est à craindre puisque le Comité d’orientation des retraites (COR) envisage à l’horizon 2020, un niveau des pensions représentant les deux tiers des revenus d'activité. Et le Medef veut une réforme globale du système qui ferait disparaître, comme par exemple en Suède, toute référence au salaire.La nécessaire continuité du salaire charpente nos revendications.S. BernardPartager les richesses !Ce n’est pas un préalable à l'unité, mais à la différence du PCF, PG ou de la CGT, le NPA ne demande pas « la taxation des richesses » pour financer la Sécu mais revendique l'accroissement du salaire redistribué, sans passer par aucun circuit financier. La recherche d'autres financements est un piège. La meilleure façon de taxer les profits, c’est d’augmenter les salaires et la part patronale des cotisations, c'est d’interdire les licenciements, et partager le travail entre tous et toutes !S. B.Les femmes touchent 600 euros de moins que les hommesL'écart entre les pensions versées aux hommes et aux femmes est de 53 % en moyenne. La retraite de base moyenne se monte à 1 216 euros par mois. D'après le Conseil d'orientation des retraites, elle est de 1 552 euros pour les hommes, mais pour les femmes elle n’atteint pas les 900 euros.La prise en compte des vingt-cinq meilleures années de carrière pour calculer le montant des retraites désavantage les femmes, dont la carrière a été souvent interrompue pour élever les enfants. Cette réforme a accentué les différences qui existaient déjà en raison notamment des temps partiels et des emplois moins payés. S.B.La retraite des syndicats« Les circonstances de la Deuxième Guerre mondiale et de la Libération, avaient permis d’élaborer en 1946 un Pacte qui a permis les "Trente glorieuses" ; chacun sent aujourd’hui que ce Pacte négocié il y a 60 ans est à bout de souffle, qu’il ne fonctionne plus et qu’il "fossilise" le dialogue social. Il faut en bâtir un nouveau ». C'est ce que dit le récent rapport Gallois…Le positionnement des organisations syndicales sur la question des retraites est très différent au moins quand au fond des positions officiellement défendues. L’alignement de la CGC ou de la CFTC sur les analyses du patronat et de la bourgeoisie est inscrit dans leur acte de naissance. Dès 1985, la CFDT reprend l’idée que la socialisation du salaire serait un handicap pour l’emploi dans la mesure où la cotisation serait anti-innovation et anti-économique. Ceci la conduira à s’opposer aux mobilisations, en particulier à celui de 2003.Pour FO et en partie la CGT, il s’agit plutôt de renoncements partiels, dans les faits, aux principes de la répartition. Dans les années 2000, la direction confédérale CGT cautionne une remise en cause de la répartition par sa participation au Comité de suivi de l’épargne salariale, véritable cheval de Troie de la capitalisation. Un pas est franchi en 2003 avec le soutien à la modification du régime des retraites des gaziers électriciens qui a rendu possible l’ouverture du capital, ouvrant la voie à la privatisation d’EdF-GdF. D’autant plus dommageable que les salariéEs de cette branche avaient été, avec les cheminots, parmi les moteurs de la mobilisation de 1995, et que cela ouvrira la voie à la remise en cause des autres régimes spéciaux en 2008. Depuis, les reculs se multiplient avec l’abandon du mot d’ordre de 37,5 annuités et la fin de la remise en cause de la CSG qui affaiblissent le positionnement de la CGT.Dialogue de sourdsLe deuxième volet  des reculs des organisations syndicales est lié à l’acceptation du dialogue social entre « partenaires » sociaux. Sur la question des retraites, un pas décisif a été franchi avec la création du Conseil d'orientation des retraites (COR). Créé en 2000, il s’inscrit sur le fond dans la lignée du Livre blanc préfacé par Rocard en 91, rapports Charpin, Teulade, Taddéi, etc. pour faire passer l’idée que des contre-réformes sont incontournables en matière d’âge de départ et de financement. La participation des confédérations à ce dispositif de concertation cautionne les mesures prescrites, en les faisant passer pour incontournables, sans alternative. De plus, c’est un simple décret qui fixe désormais chaque année la durée requise pour les générations suivantes, sur la base d’un rapport du COR.Le premier processus de sommet social en 2012 a débouché sur le pacte de compétitivité et la loi mettant en œuvre l’ANI sur la « sécurisation de l’emploi ». Le sommet social des 20 et 21 juin, qui mettra au cœur la question des retraites, s’inscrit dans la même logique : la nécessité de nouvelles mesures régressives contre les retraites et les retraitéEs. En refusant de participer à ce processus, les organisations syndicales afficheraient leur volonté de s’opposer clairement à la politique gouvernementale. D’autant plus nécessaire que la défaite de 2010 domine encore l’état d’esprit des salariéEs. La franche collaboration des uns, l’attentisme des autres ne pourront être dépassés qu’en s’appuyant sur les secteurs combatifs et en développant l’auto-­organisation.Robert PelletierLa retraite des syndicats est le titre de l’intéressant livre de Nicolas Castel publié aux éditions La Dispute (novembre 2009, 24 euros).Repères chrono­logiques1850 : Création par l’État d'une caisse de retraite pour la vieillesse.1853 : Création du régime de retraite des fonctionnaires.1910 : Loi sur les retraites ouvrières et paysannes.1945:  Création du régime général de retraite par répartition.1962 : Création des régimes complémentaires.1972 : Pension minimum pour 37,5 ans de cotisation.1983 : Retraite à 60 ans pour touTEs.1993 : Réforme Balladur sur les retraites du privé. La pension est calculée sur les salaires des 25 meilleures années (et non plus sur les 10 meilleures). Décote de 10 % par année manquante. Passage de 37,5 ans à 40 ans de cotisation pour voir une retraite à taux plein. Indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires.1996 : Réduction des régimes de retraite complémentaire.2003 : Réforme Fillon sur les retraites du public. Passage de 37,5 ans à 40 ans de cotisation pour une retraite à taux plein. Décote de 5 % par année manquante. Indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires.2008 : Réforme des régimes spéciaux. Passage de 37,5 ans à 40 ans de cotisation pour une retraite à taux plein. Décote de 5 % par année manquante. Indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires.2010 : Réforme Woerth pour tous les salariéEs. Relèvement de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite. Allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans. Report de 2 ans de l’âge annulant la décote.