Un décret, paru au Journal officiel du 26 juin, retire l’hypertension artérielle sévère (HTS) de la liste des affections de longue durée (ALD). Prévue par la loi de financement de la Sécurité sociale 2011, cette mesure prive les nouveaux patients atteints de cette maladie du remboursement des soins à 100 %.Une nouvelle brèche est ainsi ouverte dans le remboursement intégral des ALD, nécessitant des soins continus et coûteux. En France, 9 millions de personnes (un assuré au régime général de la Sécurité sociale sur six), souffrent d’une maladie chronique grave comme le diabète, le cancer, l’hypertension ou la schizophrénie, et bénéficie à ce titre d’une prise en charge à 100 % des soins, pour cette pathologie. Faute de gratuité, seules les personnes qui en auront les moyens pourront désormais s’offrir les soins nécessaires en payant une assurance complémentaire, dont les tarifs s’envolent… alors qu’il s’agit souvent, du fait de leur maladie, de personnes précaires. Dans une note interne révélée par le site Mediapart, le Medef fait des ALD l’une des cibles essentielles de son offensive contre l’assurance maladie. Selon lui, une « vraie question de société [...] Le régime de base [la Sécurité sociale] doit-il se focaliser sur les plus démunis ou les plus malades, ou bien doit-il appréhender l’ensemble des citoyens, l’ensemble des soins, mais en n’apportant qu’une réponse partielle [dans les deux cas en renvoyant le reste à charge aux citoyens et aux organismes complémentaires] ? » Alors que la part des soins courants remboursée par l’assurance maladie n’a cessé de diminuer au cours des dernières années, le remboursement à 100 % des ALD est le principal verrou à faire sauter pour le Medef et ses exécutants au pouvoir afin de « maîtriser les dépenses de santé » et privatiser la Sécurité sociale. C’est un enjeu essentiel des mois qui viennent. En avril dernier, une jeune diabétique de 15 ans, Lucile, rendait publique dans la presse une lettre ouverte, qui était un véritable cri d’alarme, on y lisait :« N’avons-nous pas le droit de vivre normalement ? Il ne nous suffit donc pas de savoir que nous aurons des complications ? Devons-nous en plus nous inquiéter chaque jour sur le prix de notre matériel, devons-nous nous appauvrir, n’avons-nous pas le droit de profiter comme les autres de l’argent que nous gagnons à la sueur de notre front ? Ne laissez pas le gouvernement réduire le remboursement du traitement des affections de longue durée. Il s’agit là d’un appel à l’aide. » La décision qui touche aujourd’hui les patients atteints d’hypertension sévère accroît l’urgence de la mobilisation prévue pour l’automne, pour le droit de tous à accéder aux soins et pour la défense de l’hôpital public. Elle doit être préparée dès maintenant.
Jean-Claude Delavigne