Pour la première fois depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir, les fonctionnaires étaient en grève le 31 janvier. À l’appel de la CGT, FSU et Solidaires, plus de 150 000 agents étaient dans la rue pour leurs emplois, leurs salaires et la défense d’un service public de qualité.Sous le précédent quinquennat, les fonctionnaires ont été l’une des principales « cibles » de Sarkozy avec entre autres la mise en place de la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Huit mois après l’arrivée de Hollande, ils espéraient eux aussi du changement en matière de politique salariale (la dernière augmentation générale remonte à 2010), d’emploi ou encore le retrait de la journée de carence en cas d’arrêt maladie. Mais le changement pour les fonctionnaires devra aussi attendre. L’une des revendications centrale de cette journée de grève concernait les salaires qui depuis 2011 sont gelés. 20 % des agents sont aujourd’hui payés au Smic, les qualifications ne sont plus respectées et reconnues. Et dans le même temps, les politiques indemnitaires ont joué contre l’emploi et les solidarités. Pour les agents de la fonction publique comme pour les salariés du privé, il est de plus en plus difficile de terminer le mois.La deuxième revendication centrale concerne l’emploi qui devait être une priorité pour Hollande, en particulier dans l’Éducation nationale. Pourtant seulement un millier de postes ont été créés dans ce secteur et il n'y aura en fait que 7 000 enseignantEs de plus en septembre 2013. C'est une goutte d'eau par rapport aux 80 000 postes supprimés par Sarkozy et les fermetures de classe vont continuer. La situation est encore pire dans les secteurs jugés non prioritaires, car des réductions d'effectifs vont devoir y compenser les postes créés ailleurs. Dans certains ministères, par exemple aux finances publiques, deux fonctionnaires sur trois ne sont déjà pas remplacés. Et que dire de la santé où la politique de suppression d'emplois continue mettre en danger les patients.Une journée en demi-teinteÀ côté des revendications sur les salaires et l’emploi, l'abrogation de la journée de carence était aussi bien présente dans les manifestations. Depuis janvier 2012, le premier jour d'arrêt maladie n'est plus indemnisé. Dans sa logique de perpétuelles attaques contre les fonctionnaires, l’État employeur avait refusé la mise en place d’un système de compensation, sachant pourtant bien que 80 % des employeurs du privé (exclues donc les petites entreprises) prennent en charge au travers des conventions collectives les trois journées de carence. À l'époque, le PS avait vivement protesté contre cette mesure de Sarkozy, mais une fois arrivé au pouvoir Hollande ne l’a pas abrogé.Cette première grève de fonctionnaires de l’ère Hollande a été une mobilisation en demi-teinte. Les taux de grévistes ont été assez contrastés, et globalement pas à la hauteur du rapport de forces nécessaire. D’ores et déjà, certains secteurs ont prévu des suites à cette première journée de mobilisation de la fonction publique. C’est le cas par exemple des enseignantEs du primaire qui seront en grève le 12 février prochain pour demander le report de la réforme sur les rythmes scolaires. Pourront-ils en entraîner d'autres ? Sandra Demarcq