À l’heure où nous écrivons ces lignes, le bras de fer entre les grévistes du RER A et la direction de la RATP était à son huitième jour et nous ne connaissons donc toujours pas son dénouement. Cela ne change rien au caractère exceptionnel de cette grève.
Exceptionnel, car une fois n’est pas coutume, tous les syndicats appellent à une grève reconductible. Ainsi, de 95 à 100% des 500 conducteurs de la ligne A sont en grève. Comme quoi, lorsque les syndicats sont unis et qu’ils proposent des formes d’actions radicales, cela donne des mobilisations massives.
Les quelques trains qui roulent sont en faites conduits par des cadres, à trois dans une cabine, un vigile, un cadre traction et un agent du matériel. Malgré cette prolifération en cabine de conduite, les cadres non grévistes enchaînent faute de sécurité sur faute de sécurité, et si le service minimum est assuré en heures de pointe, il l'est dans la plus grande insécurité ferroviaire.
Ce mouvement est aussi exceptionnel par son caractère offensif. Cela prend la forme d’une revendication sur une prime de 120 euros et, quoi qu’on puisse penser des primes, c’est bien une grève offensive afin d’améliorer le pouvoir d’achat des agents. Sans fatalisme aucun, n’écoutant pas les discours sur la catastrophe sociale qu’on nous ressort à chaque crise du capitalisme, nos collègues osent revendiquer sur les salaires. Voilà pourquoi les médias s’acharnent sur eux, sur cette lutte, car il ne faudrait surtout pas qu'elle donne des idées à d’autres travailleurs...
Pour cela tout est bon, y comprit les plus grosses ficelles : «voyez ces grévistes, ils gagnent 2500 euros pour 2 heures 50 de travail par jour et en plus ils sont en grève». Qu'y a-t-il de choquant à ce qu’un conducteur, travaillant en horaires décalés et transportant en toute sécurité plusieurs centaines de milliers de voyageurs à chaque service, gagne 2500 euros et veuille améliorer son pouvoir d’achat ? Faut-il gagner le Smic, voire moins, pour avoir le droit moral de demander de meilleurs salaires ? Certains, au sommet de la société, n’ont pas toutes ces réserves morales.
Quant aux 2 heures 50 de conduite, ce chiffre est aussi malhonnête que si nous accusions le journaliste ayant mis en avant ce «scoop» de n’écrire qu’une heure par jour. En effet la journée de service d’un conducteur ne se limite pas à la conduite ; il faut d’abord faire les tests de sécurité du train, le manœuvrer, changer de bout aux terminus, attendre l’heure de départ dans des faisceaux, etc...
Pour toutes ces raisons, ce combat est notre combat, à la RATP comme ailleurs. Il n’y a aucune raison de ne pas se battre pour notre pouvoir d’achat.
Au NPA, nous nous battons pour que cette grève serve d’exemple dans d’autres entreprises afin qu’enfin cela ne soient pas les salariés, la classe ouvrière qui paye les pots cassés d’une crise du capitalisme.
Fabien Sacor