Les trois usines Vallourec de Côte-d’Or ont connu un mouvement de grève à l’occasion de la négociation annuelle obligatoire sur les salaires. D’abord brièvement chez Valti à Montbard, l’unité la plus en difficulté du groupe, où une augmentation en pourcentage un peu au-dessus de la proposition initiale du patron a été acceptée. Puis à Valinox « nucléaire » où, après des débrayages de quelques jours, les représentants syndicaux ont signé un accord, sans l’avis des salariés, pour une augmentation assez faible : les délégués syndicaux (CGT et CFDT) ont été contraints à la démission sous la pression de la base. À Valtimet de Venarey-Les-Laumes, les salariés refusent de caler. Ils ont d’abord fait pression sur les négociations en débrayant deux heures par poste pendant une semaine, obtenant ainsi une augmentation de 1,2 % et une prime « sous condition » de 1 400 euros. Mais ils refusent une prime hypothétique (celle annoncée l’an dernier a été divisée par deux au prétexte d’objectifs non atteints alors que la production a augmenté) et veulent une augmentation de salaire à hauteur de l’inflation, une augmentation uniforme de 20 euros et une prime de vacances. 90 % des 153 salariés de la production se sont alors mis en grève totale et illimitée dès le lundi 22. La direction locale transmet le dossier à la direction nationale qui redoute que cela fasse tache d’huile si elle cède dans une usine. Depuis, silence radio. Mardi une équipe de France 2 a fait un reportage pour l’émission Complément d’enquête, la direction Vallourec a aussitôt tenté de le faire supprimer, mais France 2 n’a pour l’instant pas cédé. Plus de 130 salariéEs jeunes, femmes, anciens, se relaient sur le piquet de grève. Nombreux sont ceux qui ont participé à la mobilisation pour les retraites et pour beaucoup cette grève sur les salaires s’inscrit dans une lutte plus globale contre le système qui les écrase. Les discussions fusent : vol éhonté de Vallourec qui a multiplié ses dividendes par 1 007 % en cinq ans alors que la masse salariale n’a évolué que de 35 % ; carnets de commandes pleins et pressions pour faire travailler les jours fériés ; 1 million d’euros versés par les collectivités locales pour un nouvel atelier qui coûte 1,7 million alors que Vallourec investit 70 à 80 millions en Chine. On parle aussi de la formidable solidarité qui s’est établie entre les collègues, du mouvement de Valinox qui aurait pu être un point d’appui… La grève a été votée pour lundi 29, puis elle sera reconduite jour par jour. Déjà, quelle qu’en soit l’issue, ce qui est bien ancré dans les têtes c’est la fierté de la lutte et la certitude que ce ne sera pas la dernière. Correspondante