Le 7 décembre, après plusieurs semaines de tractations, la hausse du prix des transports en région parisienne a finalement été actée. Le pass Navigo mensuel prend presque 9 euros, le ticket de métro à l’unité passe de 1,90 à 2,10 euros.
Dans d’autres villes, le prix des transports augmente aussi. À Lyon, l’abonnement mensuel est en hausse de 3 euros. Les autorités locales se justifient d’ailleurs en disant que c’est toujours moins que dans la capitale… Mais qu’on soit en région parisienne, lyonnaise ou ailleurs, on a bien du mal à comprendre ce qui justifie une telle augmentation, surtout vu le délabrement des réseaux de transport public.
À qui la faute ?
En région parisienne, la hausse du prix s’est faite sur fond de lutte entre le gouvernement et Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et, à ce titre, présidente d’Île-de-France Mobilités (IDFM), autorité en charge des transports publics. D’un côté, Pécresse agitait la menace de la flambée des tarifs si l’État ne venait pas au secours du budget d’IDFM, de l’autre, le gouvernement renvoyait Pécresse à sa mauvaise gestion des comptes régionaux. Au terme de cette épopée des temps modernes, l’État apporte 200 millions d’euros à IDFM et, surtout, les passagerEs vont payer plus cher un service dont la qualité se dégrade.
Au-delà de la péripétie politicienne, ce genre de situation est inscrit dans l’ADN même d’IDFM et, derrière, des autres autorités en charge des transports. Au gré des différentes lois de décentralisation et des réorganisations administratives, IDFM est devenu une instance où la région Île-de-France est prépondérante. À un menu détail près : l’État central a encore la main sur une partie des financements, notamment sur le montant maximum du « versement mobilité » payé par les entreprises pour faire tourner des réseaux qui ont le bon goût d’amener la main-d’œuvre sur les lieux de travail. Cet impôt représente plus de 40 % du budget d’IDFM. Quand le gouvernement refuse d’en augmenter le plafond, c’est-à-dire de faire payer les patrons, comme ça a été le cas cette année, il ne reste plus qu’à augmenter les tickets et les abonnements (qui représentent un gros tiers du budget), à faire la mendicité auprès du budget de l’État et plus souvent… les deux à la fois.
En région parisienne, deux facteurs supplémentaires expliquent les tensions sur le financement des transports. D’un côté, les investissements herculéens réalisés dans le cadre du « Grand Paris » sont en partie assumés par IDFM. D’un autre côté, la mise en place de la concurrence dans les transports entraîne — et ce n’est pas la moindre de ses absurdités ! — le rachat par IDFM des dépôts et centres de maintenance qui appartenaient jusque-là aux opérateurs, notamment la RATP. Il y en aurait pour pas loin de 5 milliards d’euros… Qui a dit que la concurrence allait coûter moins cher ?
Pour des transports gratuits et de qualité, les patrons doivent payer
L’organisation actuelle du financement des transports publics exerce une pression à la hausse sur les tarifs, tout en donnant à chaque responsable politique les moyens de rejeter la faute sur d’autres. Pas grand chose à attendre donc de la gauche francilienne, aujourd’hui dans l’opposition mais qui se livrerait, si elle était aux manettes, à la même comédie que celle à laquelle on a eu droit. La preuve à Lyon où c’est la majorité de gauche qui a augmenté les prix.
Pendant ce temps, les voyageurs sont ballottés le long du réseau. Le bus ne passe pas toujours et il faut parfois laisser passer plusieurs rames de métro avant de pouvoir grimper dans une. Le choix cornélien de nombreux travailleurEs est le suivant : perdre du temps dans les bouchons ou dans les transports en commun ?
Et il faudrait en plus payer plus cher pour moins bien se déplacer ? La gratuité des transports s’impose. Les problèmes qu’elle soulève, tant matériels qu’humains, peuvent être résolus. Pas un contrôleurE, par exemple, ne doit perdre son emploi : tous doivent être requalifiés, sans perte de salaire — certainEs pourraient même être les conducteurEs dont on manque tant ! Mais pour cela, il va falloir imposer nos solutions aux patrons, en prenant sur leurs profits.