Capgemini, 1ère entreprise du secteur numérique en Europe, affiche d’année en année des résultats en constante progression. Ainsi par exemple pour 2019, le chiffre d’affaires est à plus de 14 milliards d’euros, +7 % par rapport à l’année 2018, et le résultat net a atteint 856 millions d’euros, +17 % par rapport à 2018. Ces « bons » résultats auraient du permettre au groupe de passer sans encombre le ralentissement économique lié au covid-19… s’ils n’avaient pas dilapidé tout l’argent :- en rémunérant grassement les cadres dirigeants, par exemple, le Pdg Paul Hermelin a touché 2,79 millions d’euros en 2018, +14 % par rapport à 2017, sans compter les actions gratuites, soit bien plus que les augmentations salariales collectives pour les 24 000 salarié.e.s en France (1,29 million d’euros en 2019).- en gavant les actionnaires, 280 millions d’euros de dividendes versés en 2019, plus 150 millions d’euros de rachats d’action en 2019 pour en faire monter le cours ;- en rachetant des entreprises concurrentes, la plus grosse prise du prédateur Capgemini s’appelant Altran, en tout 5 milliards d’euros avec la dette.Et après, ils s’auto-congratulent pour leur bonne gestion.
Les sacrifices pour les salarié.es
Comme toute entreprise capitaliste, Capgemini entend faire payer la crise du covid-19 aux salarié.e.s. Ils ont imposé aux salarié.e.s, comme les ordonnances Macron les y autorisent, la prise des RTT "employeurs" (4 jours pour la majorité des salarié.e.s) et des RTT s"alarié.e.s" acquis (1 jour pour la majorité des salarié.e.s). Ils n’ont pas pu imposer la prise de (6 jours de) congés payés puisque aucune organisation syndicale de l’entreprise n’a osé signer un accord là-dessus. Mais les managers locaux ne se sont pas privés de mettre la pression.
Capgemini a aussi décidé de recourir au chômage partiel. C’est facile pour une entreprise, il suffit de déposer une demande auprès de la DIRECCTE (direction régionale des entreprises de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) et si pas de réponse dans les 48 heures, c’est automatiquement accepté. Avec effet rétro-actif jusqu’au 16 mars, comme le permettent les ordonnances Macron. C’est d’autant plus scandaleux que les résultats du groupe Capgemini au 1er trimestre 2020, donc y compris sur le mois de mars, sont très bons, un chiffre d’affaires en progression de 3,1 % par rapport au 1er trimestre 2019, et c’est même encore mieux pour la France avec +3,3 %. Rappelons aussi que Capgemini reçoit déjà des subventions publiques à travers le CICE et le CIR, 57 millions d’euros en 2018, sans compter les exonérations de cotisations sociales. Il n’y a pas de petits profits.
La direction de Capgemini n’hésite pas à faire du chantage aux 1500 (pour le moment) salarié.e.s qu’elle met en chômage partiel. Pour toucher 100 % de leur salaire, ils et elles devront chaque mois poser 3 jours de congés payés et faire 5 jours de formation (eh oui, c’est possible d’imputer de la formation pendant le chomage partiel grâce aux ordonnances Macron). Mais comme elle est de « gauche » (sic), la direction gave un petit peu moins les actionnaires, réduisant le dividende par action de 1,9 euros initialement prévu (+12 % par rapport à 2018) à 1,35 euros : cela va représenter tout de même 230 millions d’euros versés directement aux actionnaires. Avec la bénédiction du gouvernement : Macron, si prompt à dégainer des ordonnances pour restreindre les droits démocratiques et sociaux des salarié.e.s et de la population, n’a pas prévu d’ordonnance interdisant aux entreprises touchant des subventions publiques de rémunérer les actionnaires.
Et puis il faut quand même pas déconner, le programme de rachat d’actions lancé par Capgemini pour... 600 millions d’euros va se poursuivre. Décidément, si on laisse faire le patronat, le monde d’après le covid-19 ressemblera furieusement à l’ancien monde.