«Depuis 38 ans que je suis dans le groupe, je n’ai jamais vu ça ! » s’exclamait une salariée de Thales Communications France (TCF), après l’assemblée générale du 11 mars qui a réuni près de 1 300 travailleurs à Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Les profits ça va. Et vous ?Ambiance festive et déterminée, invasion des bureaux de la direction aux cris de « Vigneron du pognon ! »2… le mouvement sur les salaires était parti d’une simple pétition de 15 000 signatures (50 % des salariés de Thales France). Depuis, loin de s’essouffler, le mouvement grandit de jour en jour : débrayages, blocages des sites, manifs et assemblées générales ont rythmé le mois de mars dans les cinq sites de TCF. Les AG et manifs monstres sont quasi journalières et réunissent plus de 1 000 personnes à Colombes. D’autres divisions de Thales ont aussi connu de nombreuses actions : à Thales Alenia Space (TAS), 600 travailleurs se sont mobilisés à Toulouse et 700 à Cannes où ils ont bloqué le site pendant plusieurs jours. Une manifestation au siège de Neuilly a réuni 1 000 personnes, dont des salariés de Thales Services, société prestataire du groupe qui emploie des « sous-salariés », car plus précaires. Dix-huit cars de CRS ont été affrétés pour l’occasion. Il y avait de quoi être effrayé de voir débouler une horde d’ingénieurs surexcités ! Les salariés de TCF, appuyés par l’intersyndicale CFDT-CGT-FO-Solidaires-CGC-CFTC, réclament 4 % d’augmentation, mais la direction reste sur ses positions. Pour les ingénieurs et cadres (80 % du personnel) : une augmentation individuelle de 2,2 %. Pour les ouvriers, techniciens et administratifs : 1,2 % d’augmentation générale et 1 % d’augmentation individuelle. On est donc loin du compte, surtout que TCF n’a pas à rougir de ses bénéfices en 2010. Et cette aumône est en dessous de l’inflation. Conclusion : les patrons s’enrichissent et les salariés voient leurs conditions de vie se dégrader.
Patrons et actionnaires confiants, salariés floués !Si TCF est bénéficiaire, les autres divisions de Thales ont connu quelques difficultés en 2010, crise oblige. On remercie les financiers et les banques au passage. Pourtant, comme le dit la direction dans les milieux avertis : « Nous sommes confiants dans le redressement rapide de la rentabilité de Thales, porté par les résultats du plan Probasis3 et notre présence renforcée sur les marchés en croissance. » Pour les salariés, le discours est exactement le contraire : la crise hier, la crise aujourd’hui et la crise demain donc serrons-nous la ceinture. Mais la lutte continue à Thales comme dans de nombreuses entreprises. La rigueur, ce n’est pas pour nous ! Correspondant NPA1. Thales est une entreprise de 60 000 travailleurs dont l’État est actionnaire majoritaire, talonné par Serge Dassault, l’ami des pauvres. TCF est l’une de ses filiales et compte 5 300 salariés. 2. Luc Vigneron est le PDG de Thales et possède un solide savoir-faire dans la gestion d’une entreprise moderne : c’est lui qui a supprimé 4 000 emplois chez Nexter ! C’est bien entendu un pote de Sarko, mais il est dans le collimateur de l’État depuis peu, ambiance fin de règne oblige. 3. Probasis est un « merveilleux » plan d’économie de 1,3 milliard d’euros sur cinq ans, soit… 360 euros d’économie par salarié et par mois pendant cinq ans. Serge Dassault s’en frotte les mains !