Publié le Jeudi 28 janvier 2010 à 23h41.

SNCF : démarrer un mouvement d'ampleur

Une grève des cheminots est appelée, mercredi 3 février, contre les suppressions d’emplois et la dégradation du service public de la SNCF. Pour inverser la tendance et gagner, il faut qu’elle soit le point de départ d’un mouvement prolongéet résolu. Après France Télécom, EDF-GDF et La Poste, la SNCF est dans le viseur du gouvernement. Un des objectifs du plan Destination 2012 est d’éclater l’entreprise publique en un maximum d’entités distinctes et de les confier au privé, en nivelant vers le bas les conditions de travail et de rémunération des cheminots. Le mécontentement, accumulé depuis des années, est palpable dans tous les secteurs de l’entreprise. Principalement sur les salaires qui stagnent à un niveau toujours aussi bas, au point que certains cheminots gagnent à l’embauche moins que le Smic. En huit ans, près de 22 000 emplois sous statut ont été supprimés et le budget 2010 prévoit d’en supprimer 3 600 de plus. Ces milliers de suppressions de postes ont des conséquences directes sur la qualité du service public ferroviaire, comme on a pu le voir ces dernières semaines, la SNCF ayant eu le plus grand mal à rétablir le trafic après les intempéries. La loi du fric remplace la logique de service public. Ainsi, pendant que Sarkozy se positionne en défenseur de l’environnement, les plans successifs de restructuration du fret ferroviaire ont supprimé des milliers d’emplois et ont amené près de 2 millions de camions supplémentaires sur les routes en dix ans. Aujourd’hui, c’est au tour du TGV de faire les frais de cette politique, avec le projet de supprimer ou réduire certaines dessertes jugées déficitaires comme le Paris-Arras, Lille-Strasbourg ou Nantes-Strasbourg. À cela s’ajoutent les attaques contre les acquis sociaux restant encore aux cheminots, comme leurs réductions sur les billets de trains. Après avoir renoncé à les supprimer en 2009, par crainte d’une réaction forte, la direction laisse entendre qu’elle va retenter le coup. Les annonces de nouvelles attaques contre les retraites, Sarkozy ayant annoncé vouloir à nouveau allonger la durée de cotisation, font aussi grogner les cheminots, comme bien d’autres travailleurs. Depuis début 2009, les cheminots se sont mobilisés fortement à l’appel des confédérations syndicales, par la grève et leur présence massive dans les cortèges, démontrant qu’ils refusent cette politique et ne comptent pas se laisser faire. Mais la répétition de journées de grève, espacées de plusieurs mois, sans revendications claires, sans suite, n’a pas permis la construction d’un mouvement d’ensemble, capable de mettre un coup d’arrêt aux attaques. Un tel mouvement reste pourtant nécessaire. Les organisations syndicales CGT, Unsa, SUD-Rail et CDFT ont déposé un préavis de grève pour mercredi 3 février. SUD-Rail s’est prononcé pour l’organisation d’une grève reconductible si la direction ne fait pas marche arrière. La CGT Cheminots laisse aussi entendre qu’il y aura une suite de plus haut niveau si la direction ne recule pas. La réussite de cette journée de grève est donc importante dans la construction d’un rapport de forces à la SNCF. L’année 2009 a vu de nombreux conflits éclater dans différents établissements de l’entreprise : pour des embauches, contre des réorganisations, etc. Plusieurs de ces luttes ont réussi à faire faire à la direction de petits pas en arrière. Tous ensemble, les cheminots ont les moyens de lui en faire faire un très grand ! Axel Persson et Rémi Guaille