Le 15 décembre est paru au Journal officiel le rapport de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan. Celle-ci utilise la procédure d’urgence pour alerter le gouvernement sur l’état scandaleux de la prison des hommes de Fresnes.
Adeline Hazan estime que les conditions de vie des personnes qui y sont détenues ne sont pas conformes à l’article 3 de la CEDH (Cour européenne des droits de l’homme) qui stipule que « nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains et dégradants ».D’abord il y a la surpopulation. Au 13 décembre, elle était de 202 %, soit 2 474 détenus... pour 1 226 places. Plus de la moitié des détenus vivent à trois dans des cellules individuelles dotées d’un espace vital de 6 m2, les autres à deux. Les parloirs sont des boxes de 1,4 m2 situés en sous-sol, coupés par des murets interdits depuis 1983, qui empêchent les personnes de s’asseoir normalement et interdisent tout respect de l’intimité entre visiteurs et prisonniers.
De plus, les punaises et les cafards sont partout. Mais ce sont surtout les rats, qui courent y compris sur les lits, qui sont les plus dangereux en termes de santé : non seulement ils produisent une saleté insupportable, mais plusieurs détenus souffrent de leptospirose, une maladie liée aux morsures de rat et pouvant entraîner des atteintes sérieuses des reins.
L’État assigné en justice
Enfin, les problèmes sont amplifiés par l’encadrement. 70 % des personnels sont des stagiaires car Fresnes est une prison-école (!), les personnels qualifiés sont en nombre trop insuffisant. Et si le nombre de prisonniers a augmenté de 20 %, celui des personnels n’a pas bougé. Du coup, la discipline est brutale, injuste et incompréhensible. Il règne un climat de peur et de grande violence.
L’OIP (Organisation internationale des prisons) réalise un travail constant et précieux, notamment à Fresnes. Elle a ainsi assigné l’État devant le juge administratif pour mettre fin à la présence des rongeurs, et le tribunal a ordonné la dératisation.Fresnes est en grande partie une maison d’arrêt, pour des personnes condamnées pour des petits délits à des peines courtes. Ce sont en majorité des jeunes adultes de moins de 25 ans. Les souffrances infligées dans cette prison n’ont rien à voir avec une prétendue sanction proportionnelle au délit... mais tout à voir avec le cynisme d’un État qui abandonne volontairement une partie de la jeunesse !Roseline Vachetta