Le 1er mars, Macron prétendait encore gagner le « pari » du non reconfinement et d'un allégement des contraintes sanitaires pour la mi-avril. 15 jours plus tard, il doit admettre que « le maître du temps, c'est le virus malheureusement », reconnaissant que le variant anglais, plus contagieux et plus mortel, est devenu majoritaire et que « nos capacités de réanimation sont saturées ». Selon lui « l’Île-de-France est clairement en sursis ». Il annonce « de nouvelles décisions […] dans les jours qui viennent », une manière de préparer à de nouveaux tours de vis dans les contraintes sanitaires.
Loin de préoccupations sanitaires ou sociales, l'enjeu affiché par le pouvoir était de maintenir à tout prix l'activité économique. Le « pari » de Macron est perdu, et il se paie d’ores et déjà en vies humaines. La remontée de l'épidémie, dans les Hauts-de-France et en région PACA, s'étend maintenant à l’Île-de-France. Dans cette région, le seuil d'alerte pour un nouveau confinement, fixé par le gouvernement lui-même à 400 nouvelles contaminations pour 100 000 habitantEs est désormais franchi. Le chiffre est nettement plus élevé en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d’Oise ou le Val-de-Marne, où vivent en nombre les « premiers de corvée ».
N'ayant pas tenu compte des avertissements des personnels hospitaliers et des professionnels de santé, et même de ses propres « experts », le pouvoir est contraint d'organiser en catastrophe des dizaines d'évacuations sanitaires d’Île-de-France vers d'autres régions où les services de réanimation n'ont pourtant plus guère de marge de manœuvre. De gros risques sont pris pour les patientEs, et un personnel déjà insuffisant et épuisé est mobilisé en nombre pour ces opérations. Cette situation est le résultat direct du maintien des contraintes budgétaires sur le système hospitalier. Les 12 000 lits de réanimation annoncés par Véran en août restent des mots, aucun personnel n'ayant été recruté et formé pour leur permettre d'être opérationnels.
Il n'y avait pas de fatalité à ce que le virus devienne le « maitre du temps ». Il l'est devenu en raison des choix politiques de l’exécutif, passés et actuels. Les mesures sanitaires et sociales qui auraient pu être prises, en amont, pour éviter une nouvelle flambée de l’épidémie, ne l'ont pas été. Le pouvoir a privilégié les mesures autoritaires sur les loisirs et la vie sociale, avec une efficacité réduites. Il les a rendues, dans la durée, insupportables.
La lenteur de la campagne de vaccination, due au manque de doses disponibles, n'a elle non plus rien d'une fatalité. En refusant d'abolir les brevets et de faire des vaccins un bien commun universel, en organisant pas, comme il en avait la possibilité, la réquisition des entreprises pharmaceutiques, le pouvoir s'est lui-même placé à la merci des laboratoires, de leur logique du profit et des aléas de leur production.
Tant que Macron et les siens imposeront leurs choix, dans l'intérêt de la minorité qui possède les richesses, le virus restera « maître du temps ». Il ne cessera de l'être que si la majorité qui subit ces décisions décide de reprendre ses affaires en mains.