À la fin de la semaine dernière, le gouvernement a mis en scène son déplacement à Cahors pour montrer qu’il s’intéressait à la France profonde. Derrière le cirque, il y a des déclarations d’intention et une ignorance des vrais problèmes.
À Cahors, dans le Lot et dans les départements limitrophes, se conjuguent misère des services publics et destructions d’emplois dans le privé. Ainsi, la ligne de chemin de fer Paris–Toulouse passant par Cahors n’est pas entretenue, d’où une multiplication des retards, une diminution des trains et des fermetures de gares. Depuis que le couperet de l’ARS (Agence régionale de santé) fermant la maternité de Decazeville est tombé en juillet dernier, le démantèlement des services de l’hôpital semble suivre avec le nombre de médecins qui s’étiole et le nombre de lits qui dégringole.
Pour ce qui est du privé, un exemple : l’avenir de Bosch à Rodez (dans l’Aveyron, limitrophe du Lot) est incertain. Bosch possède une usine employant 1 600 personnes, spécialisée dans les injecteurs diesel. Alors ministre de l’Économie, Macron avait vanté, devant l’usine à l’été 2016, les mérites et l’avenir du diesel. Par démagogie cynique, il envoyé les ouvriers dans une impasse. Et maintenant il faut bien se battre pour le maintien des emplois dans une nouvelle conjoncture.
Les annonces du gouvernement
À Cahors, le gouvernement a surtout annoncé deux séries de mesures. D’abord, un plan pour connecter toute la population en haut débit d’ici 2020. On en verra les résultats, et qui tirera des profits des crédits mobilisés. Pour justifier ce programme, Édouard Philippe a notamment mis en avant le développement de la télémédecine pour répondre aux « questions liées à la désertification médicale ». Autrement dit, on continue à fermer les hôpitaux de proximité et on renonce à toute action ferme en matière d’installation des médecins, mais pas de problème… vous pourrez parler à un toubib sur Skype.
Deuxième annonce, un plan baptisé « Action cœur de ville », qui s’adresse aux villes moyennes. Il comprend toute une série de mesures : de l’ouverture de nouveaux commerces à la création d’« écoquartiers » en passant par la rénovation de bâtiments. Au vu de ce qui s’est passé dans un certain nombre de villes, il y a des craintes à avoir. Le maintien d’une vie réelle dans les centre-villes est certes un vrai enjeu, mais il doit se faire avec les habitantEs actuels et ne pas favoriser la spéculation immobilière. De plus, il suppose aussi de se confronter aux géants de la distribution, en arrêtant les ouvertures de centres commerciaux en périphérie.
Les métropoles contre le reste de la France ?
Contrairement à un discours à la mode, les inégalités territoriales ne se réduisent pas à l’opposition entre, d’un côté, métropoles et, de l’autre, petites et moyennes villes et territoires ruraux. Les métropoles sont aussi les lieux où se développent des zones en grande difficulté. Ainsi, dans la région la plus riche de France (l’Île-de-France), le 93, comme chacun devrait le savoir, est une zone pauvre. Quant au 92, il est globalement moins pauvre que le 93 mais les inégalités y sont considérables : entre Neuilly et Gennevilliers par exemple, il y a un monde.
Sur les 4,8 millions de personnes vivant dans les quartiers prioritaires de la ville, environ 45 % résident dans les unités urbaines de Paris, Lyon, Marseille et Lille. La pauvreté dans les grandes métropoles est aggravée par un niveau général des prix, notamment du logement, plus élevé que dans le reste du territoire.
Quel que soit le territoire, donc, les maux sont fondamentalement communs : manque d’emplois permettant de vivre dignement, problèmes d’accès au logement et casse des services publics de proximité. Il ne faut pas compter sur ce gouvernement pour s’y attaquer : comme ses prédécesseurs, il ne va que multiplier les bonnes paroles et favoriser au contraire le creusement des inégalités, entre les territoires, comme entre les plus riches et le reste de la population.
Henri Wilno