Publié le Mercredi 16 novembre 2022 à 20h00.

Claude Rougeot, dit « Galien »

Notre camarade Claude Rougeot, dit Galien, militant de notre courant pendant plusieurs décennies, est décédé à l’âge de 83 ans. Nous publions des extraits de divers hommages reçus à cette occasion.

Claude fait partie, avec Jean-Marie Dotal et Aimé Thirard, disparus eux aussi, des premiers militantEs gagnés à la IVe Internationale sur Dijon, en 1967. Venu de la tendance socialiste révolutionnaire du PSU, qu’il quitta en 1965 avec une quinzaine de camarades qui diffusaient L’Étincelle, une feuille de boîte, sur plusieurs entreprises dijonnaises, Claude, étudiant puis jeune enseignant, ne resta pas, comme beaucoup d’autres, hélas, sur la ville.

À Paris, dans ses premières années, il assuma des tâches de secrétariat auprès de Pierre Frank.

Je ne l’ai revu que très épisodiquement à l’occasion de rencontres festives ou de formation y compris chez lui dans la banlieue parisienne. J’ai le souvenir très lointain d’un militant sérieux et efficace, parfois un peu « raide » mais c’était la rançon de sa rigueur.

Jean-Pierre D.

 

Souvenir d’un militant infatigable et modeste, il ne se vantait pas d’avoir travaillé avec Pierre Frank. En cinquante ans, on a souvent discuté, mais je n’apprends que maintenant cette part de son militantisme.

Le combat continue, camarade.

Philippe M.

 

C‌laude a aussi été un militant syndical enseignant, membre de l’École émancipée dans la FEN, puis la FSU. Il était extrêmement sérieux. Il fut aussi un collecteur remarquable de signatures de maires pour les présidentielles. D’une inébranlable fidélité à nos idées. D’une grande gentillesse aussi. Salut à lui.

Robert H.

 

Claude Rougeot, Galien, c’était un militant à l’ancienne. Pas toujours facile de militer avec lui. Mais comment ne pas lui reconnaître, hier comme aujourd’hui, son inébranlable foi en la construction d’un outil politique pour la Révolution.

Je l’ai d’abord croisé lors des chasses aux signatures de maires pour présenter Olivier B. en 2002. Moi, installé au local national, lui, ayant choisi de vivre l’aventure sur plusieurs semaines, seul avec ses cartes Michelin et sa voiture. Nous ne sommes alors pas à l’ère des GPS et nous préparions des « tournées» à faire sur des cartes papiers.

Des années plus tard, installé dans la grande banlieue parisienne, c’est-à-dire bien au-delà de la dernière station de métro, j’étais à l’animation d’un petit comité LCR, puis NPA. Après le pain blanc des années fastes, vint le temps du pain gris.

Mohamed, avec qui je militais, m’indiqua qu’un camarade allait venir nous prêter main forte. Un ancien, m’avait-il dit. Je vis Claude débarquer peu de temps après, dans une réunion de comité, des affiches et des tracts plein les bras. […]

Retraité, il arpentait la ville qu’il découvrait en même temps. Il n’était pas rare que quelqu’un que je ne connaissais qu’à peine me dise : « J’ai rencontré un de tes camarades, il m’a défendu le parti comme personne. » Il nous montrait régulièrement les dizaines de contacts qu’il notait dans des carnets et nous engueulait parce qu’on ne les recontactait pas. Militant du bouton de veste, il espérait que si une toute petite partie de ses contacts nous rejoigne, nous fassions un saut qualitatif.

Nous tentions un « Nouveau » parti, pour une « nouvelle » période, et Galien arrivait avec sa discipline de fer héritée des années où être trotskiste, c’était le risque de se faire frapper autant par le PCF stalinien que par la droite.

Il nous trouvait bien dilettantes et ne se privait jamais de nous faire savoir qu’on ne vendait pas assez de journaux, et que nous ne collions pas assez les affiches qu’il amenait régulièrement en passant au local.

Jamais il n’évoquait ses faits d’armes, ni sa fidélité à la Quatre, ni le rôle qu’il joua auprès des fondateurs de notre histoire politique. Je ne le savais que parce que ceux qui savaient me le disaient, en baissant le ton parce que lui même n’en parlait pas.

Nous nous sommes séparés sans cris ni larmes, constatant que nos différences de méthodes ne méritaient pas que nous nous engueulions. J’ai toujours eu pour lui l’affection propre aux camarades qui étaient aussi modestes qu’ils avaient la foi en la nécessité absolue de la révolution socialiste.

Sébastien V.