En 40 ans, le nombre des agriculteurEs est passé de 1,6 million à 400 000, alors que la taille des exploitations a augmenté et que la profession s’est masculinisée (trois quarts sont des hommes).
C’est la conséquence des politiques agricoles successives qui ont poussé les paysanEs à produire plus à coups de chimie et de mécanisation, à s’endetter, à se concurrencer. Les crises agricoles (lait, viande, blé), les scandales (algues vertes en Bretagne, viande avariée, lait contaminé…), les élevages industriels et les conséquences sur la propagation des virus, la déforestation et la maltraitance animale, les OGM… ont montré combien le capitalisme productiviste appliqué à l’agriculture est un modèle à rejeter.
L’agro-industrie, responsable de près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, c’est rentabiliser la terre pour en récolter le maximum de profits, en gorgeant les sols de chimie (pesticides, fongicides, engrais phosphatés…) qui tue le vivant (combien de terres mortes qui ne sont plus cultivables !), en supprimant haies, buissons, bois, mares, c’est une hérésie dont la société entière fait les frais aujourd’hui. C’est aussi surexploiter les ouvrierEs agricoles, en particulier les saisonnierEs, main-d’œuvre souvent étrangère (travail à la tâche, cadences élevées, infractions à la réglementation, dispositifs de migration temporaire qui ouvrent la voie à des formes de servage).
Une autre agriculture est possible
La reconversion vers l’agroécologie paysanne est indispensable. La préservation de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, la défense de l’emploi imposent de cesser d’utiliser la chimie et de favoriser la biodiversité, bien meilleur rempart contre les maladies et les ravageurs. Une politique agricole et agroalimentaire offre un autre avenir aux salariéEs de la filière avec des emplois nombreux, utiles, correctement rémunérés. Des circuits courts de production, de transformation et de distribution, avec des ateliers de fabrication et des marchés locaux sous le contrôle des producteurEs favorisent un tissu économique de proximité. La reconstitution de ceintures vivrières autour des villes combat le bétonnage, les rend plus résilientes et permet aux urbains de se reconnecter avec les rythmes naturels des productions végétales. Une sécurité sociale alimentaire est à inventer, pour préserver de la faim encore existante et de la malnutrition.
Selon différentes études et scénarios, entre 100 000 et 250 000 emplois pourraient être créés dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche d’ici 2030.