Publié le Mercredi 4 juin 2025 à 18h00.

Loi Duplomb, ou la main visible de la FNSEA

Les décisions écocides du gouvernement marquent un nouveau recul en matière d’écologie et donc de santé humaine. 

Loi nuisible pour le vivant

Le gouvernement privilégie les intérêts économiques sur les intérêts sanitaires et environnementaux, bride les instances de contrôle, augmente le pouvoir d’influence des industriels. Pourtant, en 2021, le rapport intitulé « Pesticides et effets sur la santé » de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a confirmé la « présomption forte » d’un lien entre exposition aux pesticides et plusieurs maladies graves chez les agriculteurEs : lymphomes non hodgkiniens, myélomes, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique. 

Plutôt que d’affaiblir la surveillance sanitaire, il faut renforcer l’évaluation des risques liés aux pesticides. Dernièrement d’autres établissements publics d’intérêt général ont perdu des financements : l’ARS, l’Agence BIO, l’OFB... 

Pollution des eaux et menaces sur les agences de l’eau

La loi marque une inquiétante régression environnementale : dépénalisation des destructions environnementales, libéralisation de l’activité agricole, remise en cause des procédures de régulation des pesticides, disparition du mot agroécologie, atteinte à la qualité de l’eau potable. 

Sur ce point, les seuils réglementaires de métabolites de pesticides dans l’eau potable sont régulièrement dépassés. D’après une enquête du Monde menée conjointement avec 5 autres médias européens et publiée en mai 2024, les pesticides et leurs sous-produits sont quantifiés dans 97 % des stations de contrôle de la qualité de l’eau et dépassent les normes dans près de 20 % d’entre elles. Entre 1980 et 2019, 12 500 captages ont été abandonnés sur les 33 000 existants. Les nappes phréatiques subissent des pollutions diffuses, largement dues à l’agriculture, provoquant des dégâts irréversibles. Devant le coût exorbitant de la dépollution, fermer les captages devient la solution privilégiée. Dans le même temps, le fugace gouvernement Barnier, obnubilé par la réduction de la dette publique et proche des intérêts agricoles, ponctionnait 130 millions d’euros dans les caisses des agences de l’eau, compromettant leur capacité d’action future.

« Visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculture », la loi Duplomb reprend des revendications productivistes des chefs d’entreprise de la FNSEA, syndicat de patrons.

Laurent Duplomb, soutenu par la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France, Annie Genevard, a été président FNSEA en Haute-Loire, président régional du géant du lait Sodiaal et membre du conseil de surveillance de Candia. Selon Reporterre, de nombreux amendements, écrits par les députées Danielle Brulebois (Renaissance) et Hélène Laporte (RN), l’ont été avec la FNSEA. 

Scandale des eaux Nestlé

L’État a laissé le groupe vendre des eaux contaminées. Bactéries, PFAS, pesticides, matières fécales, virus, alors qu’il était au courant depuis au moins 2022. Nous dénonçons l’inaction de l’État en termes d’écologie et de santé publique, qui confine à la complicité. Nous exigeons de conserver des garde-fous et que des décisions soient prises rapidement concernant la qualité de l’eau que nous buvons chaque jour. Nous plébiscitons une agriculture paysanne, plus respectueuse de la biodiversité, des ressources, de la santé, des agriculteurs, des animaux et des citoyenNEs.

Anna, NPA 27