Entretien. Olivier Lainé, membre de la commission climat de la Confédération paysanne, explique pourquoi les panneaux solaires ne doivent pas être installés dans les champs.
Le gouvernement veut développer l’agrivoltaïsme. Qu’en penses-tu ?
Si la Confédération paysanne est favorable au photovoltaïque, elle s’oppose à la notion d’agrivoltaïque. Selon le recensement fait par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), les possibilités d’installation de panneaux sur les toitures existantes, les friches industrielles et les parkings permettent largement de remplir les objectifs que le gouvernement s’est fixés, pourquoi vouloir alors mobiliser des terres agricoles ? Généralisons plutôt le chauffe-eau solaire, technique « low-tech » en comparaison du photovoltaïque, pour diminuer la consommation de gaz utilisé pour l’eau chaude (15 % de la conso de gaz en France).
Que réponds-tu à l’affirmation que ce pourrait être positif dans certains cas, par exemple avec une bonne association cultures-panneaux-nature des sols ?
La terre agricole a pour vocation de produire de la nourriture. Nous ne sommes plus en autosuffisance alimentaire en France, la surface des terres agricoles françaises qui sont destinées aux exportations est moindre que celle qui, à l’étranger, est utilisée pour produire ce que nous importons… Les « mauvaises » parcelles pourraient devenir productives si elles étaient menées avec l’arbre, en verger, en agroforesterie, avec des haies… Elles apporteraient alors un bénéfice aux écosystèmes, de l’ombre pour les animaux, du fourrage en cas de sécheresse, une réserve pour la biodiversité, des paysages plus heureux qu’un alignement de panneaux photovoltaïques.
En outre, le bois permet la production d’une énergie renouvelable lorsque seule la production de l’année est brûlée et lorsque les cendres reviennent à la terre…
Pourquoi et comment cela va-t-il renforcer la précarité des paysanEs ?
À cause du risque de dépossession de la terre agricole par les entreprises qui installent des panneaux photovoltaïques et de faire monter le prix de la terre agricole rendant alors impossible la rentabilité de certaines productions déjà fragiles. Les installations déjà difficiles dans certaines régions, le seraient encore davantage puisqu’elles ne pourront rivaliser avec la spéculation sur le foncier.