Publié le Mercredi 28 octobre 2020 à 09h56.

États-Unis : une élection présidentielle aux enjeux inédits

Le 3 novembre aura lieu l’élection présidentielle aux États-Unis, avec comme principaux concurrents le démocrate Joe Biden et le président sortant Donald Trump. Ce dernier est distancé dans les sondages mais la complexité du système électoral US, avec notamment l’élection indirecte du président, permet bien des « surprises ». On se souviendra ainsi qu’en 2015 Hillary Clinton avait devancé Trump de près de trois millions de voix, ce qui n’avait pas empêché le candidat républicain de l’emporter largement au niveau des grands électeurs.

Inconnues supplémentaires cette année, avec la situation inédite créée par la crise sanitaire, qui a provoqué une extension de la demande (et de l’offre) de vote par correspondance, qui est désormais possible pour plus de 80 % des électeurEs. À l’heure où nous écrivons, ce sont ainsi pas moins de 50 millions de personnes qui avaient déjà voté par voie postale, un chiffre considérable.

Première conséquence : un dépouillement qui va être beaucoup plus long, d’une durée inégale selon les États, avec des possibilités accrues de contestation, les bulletins postaux étant traditionnellement plus sujets à invalidation que les votes dans les bureaux. Qui plus est, ce sera pour de nombreux et nombreuses électeurEs une première, avec donc un risque accru d’erreurs et d’omissions.

Deuxième conséquence : une distorsion importante des résultats provisoires du 3 novembre, puisque l’ensemble des enquêtes indiquent que les électeurs démocrates auront (et ont déjà) beaucoup plus recours au vote par correspondance. Selon une étude publiée par Ipsos fin août, 50 % des Démocrates envisageaient de voter par voie postale, contre 25 % des Républicains. Il est donc probable que les premiers sondages « sortie des urnes » au soir du 3 novembre grossissent le trait en faveur de Trump et qu’un « rééquilibrage » s’opère progressivement au fur et à mesure que les votes par correspondance seront dépouillés.

Aucun résultat officiel ne pourra donc être proclamé au lendemain de l’élection, qui pourrait être feuilletonnée pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Une hypothèse à laquelle Trump s’est préparé, déclarant à plusieurs reprises que le résultat pourrait ne jamais être connu, insistant lourdement sur la potentielle « fraude » et refusant de déclarer explicitement qu’il reconnaîtrait les résultats définitifs. Avec le risque de plus en plus sérieux qu’il déclare sa victoire sur la base des chiffres provisoires des 3-4 novembre, et qu’il refuse de rendre le pouvoir ensuite…

Julien Salingue