Jour après jour, les nouvelles critiques arrivent des quatre coins du globe à propos de l’état du vivant, des pollutions, de la dégradation du climat et de leurs conséquences. Face à cette évolution, il y a une constante : le déni et la poursuite des schémas de production du passé. En bref, la poursuite du capitalisme au détriment de tout le reste !
Une bonne nouvelle cependant, la jeunesse est au rendez-vous depuis plusieurs années dans les luttes écologiques.
L’inaction écologique : une passivité volontaire
Quel monde pour les jeunes ? Ceci n’est pas une question qui préoccupe le gouvernement. Au contraire, il s’agit là d’inaction destructrice en pleine conscience. À titre d’exemple, alors que l’on demande aux individus de prendre leurs responsabilités vis-à-vis des gestes du quotidien, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau annonce vouloir réintroduire des pesticides cancérigènes et nocifs pour l’environnement.
Quant au ministre de l’Écologie Christophe Béchu, à l’heure où la situation climatique est à l’urgence, il n’est pas favorable à l’interdiction de l’utilisation de jets privés. Un avis partagé par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, qui, au contraire attaque les écologistes qui seraient « à côté de la plaque » dans ce combat.
Macron, lui, promet une montagne de subventions pour le secteur aéro. Plus inquiétant encore, Airbus prévoit le doublement de la flotte mondiale d’ici 2040. Voilà quelques exemples du laisser-faire des capitalistes, du moment que la machine à profits continue de tourner.
Toujours le même schéma : responsabiliser et culpabiliser la population, préserver la surproduction et les super-riches. Accroître le capitalisme encore et encore, avec ou sans planète. Pour faire face à l’inaction compromettant son avenir, la jeunesse se tient prête à la mobilisation.
Des grèves pour le climat à aujourd’hui, tout reste à changer
Depuis les grèves pour le climat en 2018-2019, la jeunesse s’est fortement mobilisée sur la question de l’écologie. De manière assez institutionnelle tout d’abord, puisque ces grèves se sont illustrées par une passivité profonde, réalisées hors des écoles et limitées à une approche de dénonciation des responsables de la catastrophe environnementale, sans aucune forme d’affrontement vis-à-vis de ces responsables : ni revendications fer de lance, ni activisme et élaboration au sein des établissements.
C’était un mouvement très jeune, quasi exclusivement composé de collégienEs, lycéenEs et étudiantEs. Les adultes dans leur globalité jouaient la posture : « ton avenir, ton combat ». C’était la force et l’impasse de ce combat. Les restrictions de la crise Covid-19 y ont mis un terme avant de voir émerger depuis deux trois ans, de nouvelles formes de luttes.
Tout d’abord, une série d’écoles souvent renommées, notamment d’ingénieurEs, ont vu de nombreux appels à « bifurquer » ou à « abandonner ce système ». Cela a eu un certain écho médiatique, dans ces écoles et dans des secteurs pros de l’ingénierie, mais sans parvenir à initier et développer un mouvement en leur sein. D’autre part, nombre d’organisations ou de collectifs furent créés ou investis par des jeunes (souvent un peu moins jeunes que lors des grèves pour le climat). Surtout, ces collectifs ont développé l’affrontement symbolique ou physique contre les biens des criminels écologiques. Tout en posant les fondations de revendications claires et populaires face à l’urgence environnementale, et enfin en tissant des liens théoriques et pratiques avec d’autres forces écologiques et (un peu) du mouvement ouvrier.
La carence principale est que le domaine scolaire — lieu où la jeunesse passe la plupart de son temps — reste désert en termes d’activisme écologique. Que ce soit sur l’accès et l’organisation de la scolarité, par qui cela est fait et sur le but même de l’école. Aussi, l’école — une pierre angulaire du système capitaliste — est devenue un lieu avec trop peu de contestations pour le renverser et en changer. Cependant, au vu de la dynamique à l’œuvre dans une importante partie de la jeunesse, l’espoir est permis. Il ne s’agit pas de verser l’essentiel des luttes écolos dans le domaine scolaire mais d’y ouvrir une brèche.
Construire et lier des campagnes de l’écologie radicale
Après le mouvement pour nos retraites sont apparus des slogans régulièrement repris tels que « Pas de retraitéEs sur une planète brulée ! » Une orientation qui a été d’ailleurs dès le début du mouvement portée par les Jeunesses anticapitalistes.
Quant aux Soulèvements de la Terre, ils ont permis de résister, d’ouvrir le champ des possibles en termes de pratiques de lutte, de liens, de politisation, mais aussi de débats sur la suite et l’évolution nécessaire de la société. La déclaration du 29 juin de la porte-parole d’Attac, Youlie Yamamoto, est explicite : « L’appel à la justice pour Nahel lors du rassemblement des Soulèvements de la Terre s’est présenté comme une évidence qui n’existait pas il y a quelques années. Une convergence des justices qui semble avoir franchi un seuil après de multiples tentatives d’alliance entre les mouvements des quartiers populaires, sociaux et écologistes ». Le lien, pas si évident entre une révolte de la jeunesse et le mouvement écologiste, s’exprime en quelques mots : le droit à vivre. Quant à l’écologie dans les quartiers, elle s’exprime contre la gentrification et les passoires thermiques, pour faire face à la destruction des jardins ouvriers dans le cadre des JO ou encore, autour d’une alimentation de qualité dans les cantines. De plus en plus, elles trouvent un écho dans les associations de proximité.
Pour faire évoluer ces composantes du mouvement écolo, il faut développer des campagnes radicales et populaires de terrain à propos des JO, de l’alimentation végétalisée, des ravages de Total et jusqu’au contenu de nos cours et nos métiers. Ces axes doivent s’appuyer sur les syndicats et les associations et l’école doit être un lieu de lutte central et décisif en étant le terreau des expériences autogestionnaires pour tracer le futur de la jeunesse. La mobilisation est à construire dans les écoles, les facs, les lycées, la rue, partout où est la jeunesse. L’articulation des luttes sur le lieu de scolarité, de travail, dans les champs ou bien des mouvements de masse sans lieu spécifique reste à discuter et à déterminer dans l’action et à chaque moment.