Le 1er avril dernier, c’est tout le secteur médico-social qui se mobilisait, à l’appel de la coordination nationale du travail social en lutte et d’une intersyndicale large. Une date de mobilisation très suivie qui a permis de visibiliser les différentes problématiques qui traversent le secteur depuis de nombreuses années. Fédérer un secteur aussi morcelé que le médico-social, autour de bases revendicatives communes n’est pas aisé, tant les réalités salariales sont diverses pour les travailleurEs du social. Pour autant, les logiques qui dégradent les conditions de travail et d’accompagnement sont les mêmes, dans le public comme dans le privé, dans le champ de l’insertion, du handicap ou encore de la protection de l’enfance.
Une semaine de mobilisation
Cette semaine du 12 mai a été marquée par plusieurs dates de mobilisation, dont les salariéEs du social et du médico-social ont pu se saisir, en ordre dispersé. Mardi 13, c’est la fonction publique dans son ensemble qui s’est mobilisée, jeudi 15 ce sont des acteurs associatifs de la protection de l’enfance, et sur l’ensemble de la semaine différentes actions partout sur le territoire, des syndicats et collectifs de travailleurEs se sont mobilisés pour revendiquer des moyens et le maintien de leurs droits. Le patronat tente lui aussi d’imposer son agenda de mobilisation et revendique des moyens, par exemple le collectif des 400 000 a organisé une journée de mobilisation pour la protection de l’enfance le jeudi 15 mai. Alors que dans le même temps, ils détruisent les droits des salariéEs et donc les conditions d’accompagnement en tentant d’imposer la nouvelle convention collective unique nivelée par le bas.
Des budgets départementaux en baisse
Le social et le médico-social sont en majorité des compétences décentralisées, ce sont principalement les collectivités territoriales qui sont en charge de ces politiques et donc des budgets en matière d’action sociale. En ce sens, des luttes très localisées éclatent bien souvent, que ce soit sur la question de la prise en charge des jeunes majeurs sortant de l’ASE (Aide sociale à l’enfance), la suppression d’un service ou d’un dispositif, la baisse de dotation, la violence institutionnelle pour les salariéEs ou/et pour les personnes accompagnées.
Les raisons de lutter ne manquent pas, mais bien souvent peu visibilisées. Les rapports de forces restent asymétriques face aux usines associatives qui profitent de la mise en concurrence permise par les appels à projet, pour asseoir leur hégémonie, ou encore face aux collectivités territoriales qui ne voient dans l’action sociale qu’une variable d’ajustement sur un budget.
Des attaques dans le public et dans le privé associatif
Dans le public, les attaques sont multiples et variées selon les secteurs d’intervention, par exemple au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), c’est la nouvelle loi sur la justice des mineurs portée par Attal. Celle-ci est une réponse à la révolte des quartiers en juin 2023 à la suite du meurtre de Nahel, elle vise à criminaliser un peu plus la jeunesse, bien souvent pauvre et racisée. Dans le privé associatif, en plus de l’austérité et du manque de moyens chroniques, c’est une attaque sans précédent qui se prépare du côté des organisations patronales et du gouvernement.
Une convention collective unique sans moyens
Depuis quelques années, les salariéEs entendaient la petite chanson d’une convention collective unique, qui viserait à uniformiser les droits salariaux du secteur. Une belle idée si les droits de chaque convention sont repris pour toutes et tous. Mais comme on pouvait s’en douter, les premiers échos de négociation ne sont pas à la hauteur des besoins, et seul un rapport de forces porté par l’ensemble des travailleurEs du secteur et des personnes accompagnées pourrait inverser la tendance.
Aujourd’hui et après une semaine de mobilisation en ordre dispersé qui n’a pas permis de réitérer la réussite du 1er avril, le secteur de l’action sociale a besoin plus que jamais d’une réaction unitaire et radicale. Pour l’instant, aucune prochaine échéance n’est posée, mais charge aux équipes syndicales et aux collectifs de se renforcer et de préparer une rentrée à la hauteur des attaques qui s’intensifient.