Abroger la loi de 1970 pour passer de la répression à la santé publique ! Symbole de cet échec, la France est le pays européen le plus répressif en matière de consommation de drogue illicite.
Malgré 130 000 interpellations chaque année et 100 000 amendes forfaitaires, la France compte aussi le plus grand nombre d’utilisateurs : 5 millions pour le cannabis, 600 000 pour la cocaïne, bien plus que le Portugal ou la Hollande qui en ont dépénalisé l’usage, par exemple ! La loi de 1970 qui organise la répression est hypocrite et inefficace. Elle n’a même pas empêché le taux de THC du cannabis de s’envoler. Alors que le parquet classe sans suite l’usage de cocaïne du député macroniste Emmanuel Pellerin, la répression frappe surtout les consommateurs de cannabis, la jeunesse précarisée des quartiers populaires, les mineurEs isolés étrangers sans ressource, avec les contrôles d’identité au faciès pour faire du chiffre, les passages répétés en prison, cette « école du crime ». Elle n’empêche pas un business illicite qui pourrit la vie des cités populaires avec ses caïds qui y font régner leur loi, au point parfois de devenir les véritables maîtres de la ville, comme le montre l’exemple de la commune de Canteleu, où une mairie sous influence renseignait les dealers pour éviter « les problèmes ».
Décriminaliser la consommation
La loi du 31 décembre 1970 « relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l’usage illicite de substances vénéneuses » marginalise les usagerEs, favorise le racisme, les discriminations, les violences policières, l’exploitation sexuelle des femmes, pourrit la vie des quartiers populaires, laisse sans aide les usagerEs de drogues et leurs familles. Elle doit être abrogée. La consommation de drogues, dures ou douces, doit être dépénalisée, le cannabis légalisé. Décriminaliser la consommation, ce n’est pas défendre la drogue ou inciter les gens à consommer. C’est à l’opposé laisser enfin place à une véritable politique de santé publique, de réduction des risques, de contrôle de la qualité des produits, de réduction du taux de THC du cannabis, de prise en charge médico-sociale des usages problématiques de drogues et leur cortège de trafic, de prostitution, de problèmes de santé (troubles psychiatriques et cardiovasculaires, sida, hépatites…), avec tous les moyens nécessaires. On l’a bien vu avec les années sida qui ont commencé à révéler l’échec de cette politique répressive. Les traitements de substitution à l’héroïne, les programmes d’échange de seringues, mis en place avec beaucoup trop de retard, ont néanmoins permis de sauver des milliers de vie, réintégré les usagerEs dans le circuit des soins (VIH, hépatite…), stoppé net les cambriolages des cabinets médicaux, et souvent réintégré au travail les usagerEs. Travail, relations sociales, estime de soi, aide médico-sociale, c’est aussi le produit qui s’éloigne dans les têtes.
Et les millions d’euros engloutis en pure perte par cette politique répressive autour de la loi de 1970 sont autant d’argent en moins pour une véritable politique de prévention et de réduction des risques, l’ouverture de salles de consommation à moindre risque, les consultations jeunes consommateurs… Une politique de réduction des risques qui devrait d’ailleurs englober, en plus des drogues aujourd’hui illicites, l’alcool, le tabac, la surconsommation de certains médicaments. Une société qui s’organise enfin pour réduire les risques, loin du fantasme jamais atteint d’une société sans drogues, loin des délires sécuritaires de Darmanin et des différents gouvernements qui font le lit du Rassemblement national.