Le décret du 26 juillet 2019 avait prévu une réforme en plusieurs temps. Objectif affiché : pénaliser les travailleurEs qui alternent allocations et contrats courts et les « inciter » à chercher un emploi pérenne. Pourtant l’Unedic, dans son rapport de novembre 2018, ne concluait pas que le cumul allocations-salaire incitait les chômeurEs à ne pas travailler…
Les objectifs réels étaient donc bien de prendre dans la poche des travailleurEs et de continuer à faire porter la responsabilité du chômage sur les chômeurEs. À ce stade, l’Unedic n’a pas publié de bilan officiel d’une réforme dont la principale mesure ne date même pas d’un an. Ce qui est certain c’est que, dès le début, les effets se sont fait sentir !
Moins de chômeurEs indemnisés
Dès novembre 2019, l’allongement de la durée nécessaire pour ouvrir des droits (six mois) a entrainé immédiatement l’exclusion de dizaines de milliers de salariéEs ou a repoussé leur accès à l’allocation. À l’époque, l’Unedic avait estimé à 120 000 le nombre de personnes concernées. La courbe des chômeurEs non indemnisés chute sensiblement depuis octobre 2021. Il y a une première explication générale qui tient à la différence entre chômeurEs « indemnisables » et chômeurEs « indemnisés » : l’ouverture de droits pour une durée déterminée ne signifie pas percevoir une allocation chaque mois. Sur les 3,4 millions de chômeurEs indemnisables, environ un million ne sont pas indemnisés chaque mois, tout simplement parce qu’ils et elles travaillent et que le revenu perçu dépasse le plafond de cumul (donc, non, contrairement à ce que le gouvernement prétend pour justifier ses mesures, le cumul allocations-travail n’est pas systématique). Résultat, fin avril 2022, seuls 36 % des chômeurEs étaient indemnisés. Un taux de couverture historiquement bas.
De plus faibles allocations
La chute qui s’observe a partir d’octobre 2021 est évidemment liée à l’entrée en vigueur à cette date d’un autre aspect de la réforme : la modification du calcul du salaire journalier de référence, salaire sur lequel est basé le calcul de l’allocation. Ce mode de calcul prenant en compte les périodes non travaillées, le montant de l’allocation n’est donc pas réellement calqué sur les salaires perçus. Par ailleurs la modification du calcul impacte aussi le cumul possible entre allocations et revenu, le plafond étant plus vite atteint.
D’une manière générale cette réforme a pour conséquence de complexifier nettement le calcul, aboutissant à des effets secondaires réduisant de fait le montant de l’allocation si la personne concernée ne se manifeste pas… Résultat : des personnes qui se retrouvent avec des taux journaliers inférieurs à 10 euros.
Au total, cette réforme a touché essentiellement les travailleurEs alternant périodes de chômage et de contrats courts, mais aussi, même si c’est de façon moins importante, les salariéEs qui ont eu des contrats de longue durée.