Publié le Mercredi 7 décembre 2016 à 10h05.

Bande dessinée : Weegee. Serial photographer

Scénario de Max de Radigues, dessin de Wauter Mannaert, Sarbacane, 2016, 22,50 euros. 

C’est un album retraçant la vie du célèbre photographe new-yorkais. Né Usher Fellig en 1899 en Ukraine, alors qu’il a 11 ans, il vient se réfugier à New York avec toute sa famille. Le père, rabbin, les avait précédés et préparé leur arrivée. Il passe par Ellis Island, l’île porte d’entrée de tous les migrants, devient Arthur Fellig et ira s’installer dans le quartier populaire juif de Lower East Side où s’entassent des centaines de milliers de migrants venus d’Europe de l’Est. 

À 15 ans il quitte l’école pour exercer de multiples boulots et faire vivre sa famille. Un jour, un photographe ambulant lui tire le portrait et c’est la révélation : lui aussi sera photographe professionnel. Il parvient à se faire embaucher dans un studio pour apprendre la technique et après avoir galéré plusieurs années, devient reporter de secours de l’agence Acme News Pictures, l’ancêtre de United Presse International, puis photographe free-lance pour toute la presse américaine.

Dès lors, il est pour tout le monde Weegee, surnom venu de la planchette ouija qui permet d’entrer en contact avec les « esprits ». En fait de pouvoirs divinatoires, Weegee a aménagé sa Chevrolet en studio photo, avec tout le matériel nécessaire... mais surtout avec une radio branchée sur les ondes de la police, ce qui lui permet d’être le premier sur tous les drames de la nuit.

L’album s’intéresse au photographe abouti, au noctambule, à celui qui chasse les faits divers, les meurtres, les incendies, les accidents, dont est friande la presse populaire. Dans le coffre de sa voiture où il a installé un véritable laboratoire, il développe ses plan-films (format 4 × 5 pouces) une fois ses prises de vue réalisées, tape ses légendes et fait la tournée des rédactions. 

Les dessins de Wauter Mannaert restituent bien les scènes de nuit, le noir et blanc, les visages blafards, les regards surpris par l’éclair des flashs, dans un style proche de celui de Weegee. Un beau support pour découvrir le travail de ce ­photographe hors norme.

Jean-Marc Bourquin