Sortie le mercredi 16 avril.
La camera de Wang Bing observe et accompagne durant plusieurs mois la vie quotidienne de trois fillettes dans une bourgade montagneuse du Yunnan, à 3 200 mètres d’altitude. Bien loin du développement de la ville où leur père est parti pour chercher du travail. Ying, l’aînée, 10 ans, s’occupe seule de ses sœurs Zhen, 6 ans, et Fen, 4 ans.
La misère de ces gamines est suffocante. Sales, pouilleuses, mal nourries, habillées peu chaudement, elles affrontent chaque journée avec une force et une abnégation impressionnantes. Pour seul soutien, une tante et un grand-père autoritaire. Ying se retrouvera d’ailleurs seule après le départ de ses sœurs, emmenées en ville par leur père. Le déroulement de ses journées de labeur, partagées entre moutons, ramassage des excréments fertiliseurs de terre, entretien du feu et un peu d’école, vous prendra à la gorge. Le cinéaste a réellement rencontré les fillettes au cours d’un voyage à l’occasion d’un enterrement. Il est resté et les a accompagnées au fil des mois et des saisons. Il ne quittera Ying qu’au retour du père, rejeté par la ville. Au moins, ce dernier revient-t-il avec une nouvelle épouse...
Quelques réunions de villageois laissent comprendre la marche forcée du pays vers un capitalisme brutal rejeté par ces paysans qui s’accrochent à leurs fermes aux murs de terre et sans confort. Par sa démarche humaniste, Wang Bing rend visible l’existence d’un monde que les démiurges criminels de Pékin voudraient anéantir.
Sylvain Chardon