La ville sous surveillance. Éditions Marchialy, 2024, 256 pages, 20 euros.
La rationalisation d’un univers orwellien, à l’heure des technologies de la surveillance optimisées par l’utilisation de l’intelligence artificielle... Pas de surprise, mais ça fait froid dans le dos !
Le flux
Si vous aimez traîner, à l’heure de l’apéro, à la fraîche, sur la place du village, sous les arcades, sur la pelouse du parc, avec des potes ou simplement juste pour sentir sur vous la trace de l’air du temps... vous allez vite saisir le malentendu : ce n’est plus d’actualité, la ville moderne n’est pas pour vous !
Elle est même pensée pour éviter ça, la ville ! Il faut circuler ! Circuler et consommer. On connaissait l’entreprise du baron Haussmann pour mettre au pas la capitale, la nettoyer de ses quartiers populaires, trop enclins à l’émeute et à la barricade, et d’un rapport trop incertain. On a connu l’aménagement urbain anti-mendicité, la disparition des bancs et des lieux possibles où rester, on va connaître – l’on pratique déjà – la gestion rigoureuse des flux ! Marx disait qu’un des remèdes à la baisse tendancielle des taux de profit résidait dans l’accélération de la circulation du capital, eh bien nous pourrons ajouter que la mise en mouvement des êtres et des choses est à la base de la société moderne du contrôle social et de la consommation... donc du profit !
Sur le terrain !
Pour étayer son propos, l’auteur se fait embaucher, au service des relations commerciales d’une grande entreprise du secteur, chargé de placer auprès des collectivités ou de clients privés les systèmes visant à optimiser la surveillance. Cela lui permet de dévoiler à quel point leur installation se fait en lisière de la loi, interprétée ou anticipée. Ce qui sera – peut-être – autorisé un jour est déjà mis en œuvre. Orwellien, disions-nous. Pire, très banalement orwellien !
Claude Moro