Publié le Dimanche 20 avril 2025 à 09h00.

En finir avec les présidents, d’Olivier Besancenot

Quand l’objectif de la majorité des figures politiques d’un pays se borne à se frayer un chemin jusqu’au fauteuil — probablement ergonomique — présidentiel, faisant de la fonction le but et non le moyen d’œuvrer pour le bien général, comment croire encore dans le bien-fondé de cette fonction ? En finir avec les présidents revient sur les dérives du présidentialisme et propose des pistes de réflexion pour en sortir.

Où l’on pleure sur les cendres de la démocratie

La 5e République est en fin de vie. Les crises successives de ces dernières années en attestent, ce système ne fonctionne plus. L’épisode des législatives en juin dernier en est un exemple frappant. Alors que le peuple s’exprime par les urnes, le président, depuis son palais et après avoir passé l’été à prendre des selfies ou serrer les mains des athlètes en vue, finit par lui opposer une fin de non-recevoir. Le message est clair : « je suis le chef, je décide ». Comment douter encore de la profonde opposition entre présidentialisme et démocratie ? Ou bien du fait que le locataire de l’Élysée s’est, concrètement et en toute légalité, octroyé les pleins pouvoirs ? Les différentes institutions censées nous protéger des dérives de dirigeants trop zélés n’ont dans les faits qu’un pouvoir limité, potentiellement contré par l’utilisation de l’article 49.3 quand la « pédagogie » ne suffit pas à imposer les volontés présidentielles et malgré l’opposition très claire du peuple dans la rue. Le Conseil constitutionnel, heureusement, est là pour préserver l’indispensable séparation des pouvoirs. On rappelle dans ces pages que lorsqu’un tiers de ses membres, dont le président du Conseil, est désigné par le président de la République lui-même, la neutralité de cette instance peut s’avérer discutable, mais c’est vraiment pour taquiner !

Où l’on rêve de suppression de poste

Face à ce « prince présidentiel », que la bourgeoisie a ajouté au concept révolutionnaire de République de 1793 après la répression de la révolution de 1848 et plus encore après l’écrasement de la commune de Paris, la question de la pertinence de ce statut se pose légitimement. Quel régime mettre en place lorsque la 5e République se sera inévitablement effondrée ? Comment repenser le fonctionnement du pays pour instituer un réel pouvoir collectif et rendre au peuple sa souveraineté ? Si nous apprenons dès le plus jeune âge à penser la fonction présidentielle comme indispensable voire sacrée (prenons un instant de recul sur l’affichage obligatoire du portrait officiel dans les mairies, probablement au cas, sait-on jamais, où l’on oublierait à qui notre respect est dû ?), cela n’a pourtant rien d’immuable.Le concept d’« homme providentiel » est nocif et tend à nous désinvestir de la vie politique. Or, il est temps de repenser le pouvoir par le bas, et la période doit être l’occasion d’une réflexion globale sur le système démocratique que nous souhaitons mettre en place.

Dans En finir avec les présidents, Olivier Besancenot rappelle en quelques pages les origines de la 5e République et dessine les limites auxquelles elle est aujourd’hui confrontée. Ce livre nous rappelle également que renverser des pouvoirs, en France, on sait faire.

Cyrielle L.A.