Publié le Mercredi 7 décembre 2016 à 10h08.

La fille de Brest

De Emmanuelle Bercot, avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel et Charlotte Laemmel. Sortie le mercredi 23 novembre. 

Pneumologue au CHU de Brest, Irène Frachon découvre qu’il y a un lien entre un nombre élevé de pathologies cardiaques et l’utilisation du Mediator, médicament des laboratoires Servier, un antidiabète... prescrit comme coupe-faim ! C’est elle, « la fille de Brest », qui va lancer l’affaire contre le laboratoire Servier et aussi contre les institutions sanitaires, qui va se heurter aux conflits d’intérêts entre experts de l’évaluation du médicament, médecins et firmes pharmaceutiques. « Je ne voulais pas faire la guerre, mais juste mon travail de médecin », dira-t-elle, sans se douter du combat qu’elle devrait mener avec son équipe.

Le film d’Emmanuelle Bercot nous prend d’entrée à bras-le-corps et ne nous lâche pas pendant plus de deux heures. L’actrice qui tient le rôle de la pneumologue, Sidse Babett Knudsen, est époustouflante de vérité dans le rôle de cette femme pleine de colère, d’émotions communicatives, de force de conviction, pour entraîner une équipe et faire éclater l’insupportable scandale du Mediator (selon les estimations entre 500 et 2 000 décès sur 30 ans).

Un nouveau scandale après celui de l’Isoméride (issu du même laboratoire !), un coupe-faim, entraînant aussi de gros problèmes pulmonaires et cardiaques, interdit en 1997 après 12 ans de large diffusion dans le monde et responsable d’au moins 30 décès rien qu’en France. « Le Mediator,ce n’est pas une simple sortie de route, c’est un système tout entier qui a foncé dans le mur », dit Irène Frachon. Et nous pouvons compléter que c’est le système capitaliste lui-même, pour qui le fric compte plus que la vie, qui est en cause !

Il est difficile de résister aux émotions que suscite le film, et d’ailleurs pourquoi résister ? Une mise en scène à un rythme soutenu, comme un véritable thriller, aussi convaincant dans la dramatisation que dans les pointes d’humour (les pitreries de la comédienne sont irrésistibles !), d’autres personnages tout aussi justes et attachants... Tout cela fait un film qui touche profondément. Le film qui se termine sur la sortie du livre Médiator 150 g paru en 2010. Ensuite, il y aura les procès, les condamnations... Mais tout est encore là, vers de nouveaux scandales sanitaires, comme nous pouvons le voir avec l’affaire des pesticides (entre autres).

Jacques Raimbault