Éditions les Liens qui libèrent, 192 pages, 14 euros.
Lorsque l’histoire du mouvement des Gilets jaunes sera écrite, nul doute que, parmi les « figures » de la mobilisation, le boxeur Christophe Dettinger figurera en bonne place. C’est ce qu’a compris le journaliste Antoine Peillon qui, dans cet essai publié aux éditions les Liens qui libèrent, brosse un portrait politique de Dettinger, étudié comme un symbole du mouvement des Gilets jaunes.
« Un symbole politique de la révolte contre les violences policières »
Le livre d’Antoine Peillon n’est pas une biographie mais, sous la forme d’une adresse à Christophe Dettinger, une belle déclaration à un homme et, à travers lui, une mobilisation. Si l’auteur, journaliste à la Croix, se défend de faire une apologie de la violence, il fait le choix de l’empathie à l’égard de celui qui s’en est pris physiquement à plusieurs membres des forces de répression lors de la manifestation du 5 janvier à Paris, Acte 8 du mouvement des Gilets jaunes. Empathie à l’égard d’un manifestant qui, outré par les violences policières, a décidé non seulement de se défendre mais de rendre les coups. « Pour l’État français, ce fut une rébellion insupportable ! Pour nous, ce fut une résistance… Vous êtes devenu, dans l’après-midi du samedi 5 janvier, un symbole politique de la révolte contre les violences policières, de la résistance à la dérive monarchique d’Emmanuel Macron, de la décence commune face à l’indécence extraordinaire du gouvernement d’Édouard Philippe et du Parlement godillot de la prétendue République en marche. »
Il faut le dire, le style est parfois un peu grandiloquent, mais l’ensemble constitue un bel ouvrage, un bel hommage à un homme victime d’une véritable vengeance d’État et, en creux, un portrait particulièrement virulent de la Macronie, du président et de ses sbires, de leur cynisme, de leur violence, de leur indignité. Un hommage aussi à toutes les victimes des violences policières, blesséEs, mutiléEs, traumatiséEs, et dont le seul tort est d’avoir voulu, dans un pays dit démocratique, faire entendre leur colère face aux injustices et revendiquer une vie meilleure.
Christophe Dettinger n’avait jamais manifesté avant le mouvement des Gilets jaunes. Condamné à 30 mois de prison, dont 12 mois ferme, il bénéficie aujourd’hui d’un régime de semi-liberté qui l’autorise à mener, en journée, une vie professionnelle et familiale. Mais, contrairement aux éborgneurs et à leurs donneurs d’ordre, il dort chaque nuit en prison.
Julien Salingue