Kenneth Lonergan, avec Casey Affleck, Michelle Williams et Kyle Chandler. Sortie le mercredi 14 décembre 2016.
Pas de meilleure façon de commencer l’année : il faut courir voir ce très beau, ce très grand mélodrame, surtout ne pas traîner car il n’y a eu ni tambour ni trompette. On pourrait presque croire que cette diffusion très modeste est le fruit d’une décision tellement cela correspond à l’esprit du film, à l’histoire elle-même qui est ici racontée, l’histoire de Lee, homme à tout faire-concierge, encore jeune et qui a déjà vécu...
Nous ne dirons rien de plus que la bande annonce : Lee va apprendre coup sur coup la mort de son frère et la mission que celui-ci lui a assignée par voie testamentaire, « Lee sera le tuteur de mon fils Kyle ». Mission que Lee ne veut pas accepter, ne peut pas accepter… Mais une injonction devant laquelle on ne peut se dérober. Le silence, le retrait du monde (dans la grande ville, Boston, où il vit maintenant) deviennent une position intenable.
Et c’est là la magnifique réussite du film : même si ce n’est que lentement, Lee va bouger. Le réalisateur, avec patience, construit son récit, parvient à donner une existence formidablement concrète à Lee, mais aussi à son neveu, à Randi, son ex, mère de leurs trois filles, et même à l’absente, la mère de Kyle. Les flashbacks ne sont pas utilisés pour la grande révélation, même s’ils révèlent, nous montrant d’où parle Lee. Car Lee, même avare de mots, va parler. Par l’art de Lonergan, nous connaissons suffisamment Lee et Randi pour être totalement bouleversés par la scène inouïe de leur rencontre !
Fernand Beckrich