Film allemand, 1h37, sorti le 27 octobre 2021.
L’intrigue s’amorce sur un conflit, celui entre Oray et Burcu. Il et elle sont mari et femme, mais des paroles de trop d’Oray vont l’amener à s’éloigner de sa ville et à débuter une autre vie communautaire en compagnie de jeunes hommes musulmans. Habitant seul, Oray sera amené à reconsidérer ses actes passés et présents en fonction de sa conception de l’islam.
« C’est soit le paradis ou l’enfer »
Le film s’articule de manière subtile, désordonnée et passionnelle autour de deux idées phares qu’Oray lui-même a développées, dans un discours filmé à la mosquée : « C’est soit le paradis ou l’enfer ». Selon lui, l’islam seul peut le sauver de sa misère matérielle en poussant ses capacités spirituelles au-delà de sa condition, en construisant des liens de solidarité pour ne pas sombrer dans la misère, et en l’absolvant de son passé fait de délits et d’emprisonnement.
Cette problématique peut sembler propre à une identité précise et marginalisée, mais en réalité elle reflète un système contemporain que nous connaissons trop bien : l’exploitation capitaliste et sa violence sociale, combiné au racisme structurel, détruit toute estime de soi. D’où puiser ses ressources pour survivre et construire une identité sociale, une dignité ? En ce sens, le film est extrêmement touchant, et relevé par un scénario qui ne ferme aucune porte, et qui nous surprend. En dressant le portrait d’un jeune musulman en Europe, le réalisateur a su fidèlement refléter une subjectivité musulmane, en rupture avec toute injonction identitaire et cliché véhiculé sur les personnes musulmanes. Et si au lieu d’un débat insipide à la télévision, on se rafraîchissait l’esprit avec Oray ?