Publié le Mercredi 9 novembre 2022 à 10h40.

Reprise en main, de Gilles Perret

Film français, 1 h 46 min, sorti le 19 octobre 2022.

La mécanique de précision est une tradition en Haute-Savoie, plus précisément dans la vallée de l’Arve. On y trouve de nombreuses PME de décolletage qui fournissent des pièces notamment aux constructeurs automobiles. Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une de ces entreprises. L’usine est rentable malgré la pression des clients qui veulent obtenir les pièces au prix le plus bas.

Cession à un fonds d’investissement

Les ouvrierEs apprennent que l’usine doit être à nouveau cédée à un fonds d’investissement. Déjà le climat s’était détérioré : non-renouvellements de machines, accident du travail, sanctions… Mais pour vendre l’entreprise à des investisseurs, la direction veut comprimer encore plus les coûts et prépare une charrette de licenciements.

Cédric et ses amiEs de l’usine et autour, tentent une manœuvre désespérée : racheter l’usine en se faisant passer pour des financiers ! Pour cela, il faut un capital de départ et des prêts bancaires. Le film décortique le mécanisme des LBO (leveraged buy-out ou rachat avec effet de levier), ces reprises d’entreprises montées par des financiers qui veulent faire le maximum de profits le plus vite possible. En somme, les ouvrierEs retournent les armes des capitalistes contre les capitalistes. Et ça marche !

Un film social qui se termine bien

C’est le premier film de fiction de Gilles Perret qui, jusqu’à présent avait réalisé des documentaires (notamment avec François Ruffin). Le film est profondément ancré dans la région d’origine de Perret. Outre l’usine, il filme la montagne de manière époustouflante et la bande d’acteurEs fait le job avec talent et humour.

Gilles Perret explique qu’il a voulu faire un film social qui se termine bien. Cédric n’a rien d’un syndicaliste, il traite de ringard son père qui l’a été. C’est une belle histoire de solidarité, sympathique, où on ne s’ennuie pas. Mais ceux qui verront le film en décèleront vite les failles. D’autant que Perret lui-même ajoute à son happy end une dernière scène qui montre que « reprendre en main » une usine ne la sort pas du marché capitaliste… qui ne lui fera pas de cadeau.