Éditions Actes Sud, 312 pages, 28 euros.
Nous avions déjà parlé « en très bien » de cette bande dessinée à l’occasion de la parution du tome 1 en 2019. Le tome 2 est paru récemment et nous avions encore envie d’en écrire quelques mots… toujours « en très bien » !
Très bien, malgré un prix pas forcément adapté à toutes les bourses, mais l’évolution des prix, et notamment celui du papier, y sont peut-être pour quelque chose et rend plus compliqué l’accès à la culture. Reste les bibliothèques municipales ou se faire prêter des livres par des amiEs.
La période actuelle de grosses mobilisations pour la défense des retraites, les manifestations importantes, les grèves et les initiatives comme les coupures de courant ciblées contre les privilégiés, donnent encore plus envie de lire cette BD qui raconte une révolution. Une manière de se plonger dans une ambiance de remous sociaux et politiques. Certes, nous ne sommes pas dans un moment révolutionnaire, mais ça fait du bien de s’y projeter un peu. Et si jamais le mouvement se radicalisait, nous avons tant de comptes à régler.
La Révolution française racontée d’en bas
Une chose est certaine, cette œuvre est impressionnante. 300 nouvelles pages de dessins font suite aux 300 premières. Et deux tomes sont encore à paraître. Les deux artistes ont fourni un énorme travail, en planches de dessins, en écriture bien sûr mais aussi en recherche historique.
C’est l’histoire, celle de la Révolution française qui nous est racontée, avec des personnages historiques mais surtout avec des personnages fictifs, pour beaucoup des gens du peuple, des femmes notamment comme Louise la domestique ou encore Marie, une orpheline qui vit dans la misère. Nous suivons des députés plus ou moins révolutionnaires, des aristocrates plus ou moins réactionnaires, des commerçants, des riches et privilégiés, des petites gens dans cette masse qui s’agite. C’est l’histoire racontée d’en bas, parfois au travers de discussions de salons de privilégiés ou depuis l’Assemblée mais surtout depuis la rue et les places, depuis les quartiers populaires, finalement depuis les lieux où les choses se passent, là où l’histoire se fait.
Ce qui change et ce qui ne change pas vraiment
La bande dessinée est très riche, très vivante, elle fait bien revivre ce qu’on imagine être cette révolution : de la violence, de l’agitation, du bazar même, parfois on ne sait plus où on en est. La population alterne entre colères, espoirs, peurs. Les personnages semblent aussi pouvoir évoluer dans un sens ou dans l’autre. Et aussi beaucoup de discussions, de réflexions sur le processus révolutionnaire en cours, sur ce qui change et ce qui ne change pas vraiment, comme les oppressions qui ne sont pas fondamentalement remises en cause : les femmes n’accèdent pas à l’égalité des droits, l’esclavage dans les colonies est maintenu par les bourgeois, les conditions de travail des ouvrières et ouvriers se dégradent avec les premières machines.
Selon le degré de connaissance de la Révolution française, il peut être utile d’avoir à ses côtés pendant la lecture de la BD, un document qui résume les évènements, quelques dates importantes, histoire de bien se repérer. Mais pas d’inquiétude, la BD se lit très bien et avec enthousiasme, en attendant la suite, les prochains tomes, mais aussi celle de nos révoltes sociales actuelles.