Jusqu’au 12 octobre à La Colline - théâtre national, puis à Grenoble, Perpignan, Mulhouse, Alès…
Outre le texte de Marx, le metteur en scène Sylvain Creuzevault et le collectif Le Singe convoquent sur la scène du théâtre national de la Colline les figures des révolutions de 1848 en France – Auguste Blanqui, Louis Blanc, Armand Barbès – et de janvier 1919 en Allemagne – Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.
Nous sommes heureux de les entendre là, à défaut de les faire résonner dans les rues d’aujourd’hui. Leurs paroles y côtoient celles de Brecht, Freud, Lacan, Debord ou Rimbaud. La bonne nouvelle, c’est que cette pièce n’est pas un moment didactique sur le Capital. Le collectif prévient d’ailleurs le spectateur dès le programme de salle : « Que Le Singe considère le temps historique comme un fil à retordre, c’est un fait ; qu’il use des noms comme de pignons sur rue, et en fasse des lieux dont on ne reconnaît que la porte d’entrée, […] on n’en peut douter ; […] mais s’il venait à prétendre faire théâtralement ici un travail historiographique, en voulant échanger cette sorte de monnaie, il vous tromperait ».
En passant d’une époque à l’autre dans des aller-retour virevoltants, les acteurs nous perdent parfois en route. Pour suivre, il faut rassembler ses souvenirs de lecture ou d’université d’été... Mais en fait ce n’est pas si grave de s’égarer un peu, parce que la forme est dynamique, souvent jubilatoire et parfois carrément hilarante. Entendre déclamer comme un échange de tirades amoureuses entre l’habit et la toile la démonstration de Marx sur le double caractère du travail et de la marchandise est tout à fait drôle.
Quant à la scène finale du procès des révolutionnaires de 1848, les juges devant qui vont bientôt comparaître Alain Pojolat et les autres camarades impliqués dans l’organisation des manifs de soutien à la Palestine, seraient bien inspirés d’aller la voir : ils se rendraient peut-être compte du ridicule de leur position.
Coline SanveteoDe 14 à 29 euros