Célestin Freinet est mort il y a 53 ans, mais sa pédagogie est toujours vivante, portée par des éducatrices et des éducateurs qui poursuivent sa réflexion pour mettre en cohérence engagement politique et pratiques de classe.
Pour s’en convaincre, on pourra se rendre au salon de la pédagogie Freinet qui se tiendra ce samedi entre les murs de la Bourse du Travail de Paris, à côté de République. Avec pour thème cette année : les droits de l’enfant.
Alors pourquoi, en tant que militant-e-s révolutionnaires, s’intéresser à la pédagogie ? Avouons que la réponse n’a rien d’évident, tant les questions pédagogiques ont plutôt mauvaise presse dans nos rangs… À juste titre d’ailleurs, s’il s’agit d’accompagner la dérive libérale de l’enseignement, ou d’accentuer la ségrégation scolaire, comme avec les écoles privées Montessori.
Rien de tout cela avec Freinet. Son souci, c’est « l’école du peuple ». C’est pourquoi celles et ceux qui s’en inspirent le font dans le cadre de l’école publique, celle des quartiers les plus défavorisés, comme l’école de Mons-en-Baroeul qui fait l’objet du documentaire projeté en ouverture du salon, « Vivement l’école ».
Car ce qui distingue la pédagogie Freinet d’autres courants, c’est qu’il place la politique au cœur de sa réflexion. On en jugera avec le titre de la table ronde de l’après-midi : « Des Droits de l’enfant aux droits de l’Homme : vers l’émancipation », avec notamment Laurence de Cock et Véronique Decker, deux militantes bien connues chez nous. Car lorsqu’on pense par exemple aux enfants privés de cantine, nourris de pain et d’eau par un maire (LR) dans l’Allier, on se dit que les droits de l’enfant sont malheureusement encore une lutte actuelle.
Politique, encore, est le choix hautement symbolique du lieu de ce 10e salon de la pédagogie Freinet, à la Bourse du Travail de Paris. Ainsi que la manière dont est organisée la journée. En lieu et place de conférences descendantes, où il y a les « sachant-e-s » et les autres, les freinetiques se répartissent en ateliers aux thèmes divers : le texte libre, l’évaluation, la parole de l’enfant… Car au cœur de cette pédagogie, il y a l’idée de donner à chacun-e la liberté et le pouvoir de s’exprimer et de prendre le pouvoir sur le monde. Une idée proprement révolutionnaire.
Politique, enfin, car Freinet a toujours dit que les pédagogues avaient le devoir de s’engager pour transformer la société. C’est pourquoi un atelier sur l’accueil des enfants migrantEs fait écho à l’action de celui qui, à partir de 1937, avait ouvert son école de Vence aux petitEs réfugiéEs espagnolEs.
Tourné vers l’émancipation collective, travaillé par les luttes actuelles, cherchant constamment à articuler pédagogie et politique, le courant pédagogique laissé par Célestin Freinet est une source d’inspiration incontournable pour qui cherche à être éducateur-trice et révolutionnaire.
Lien pour les informations concrètes : 10e salon de la pédagogie Freinet
Raphaël Alberto