L’alignement du gros des forces socialistes sur un camp ou un autre fut un choc pour les internationalistes russes ou allemands. Mais dès l’automne 1914, le bilan commence donc à être tiré.
Trotski écrit : « Le krach de la IIe Internationale est un fait, et ce serait de l’aveuglement ou de la lâcheté de fermer les yeux sur cet événement. Des tentatives purement diplomatiques pour remettre sur pied l’Internationale au moyen de la soi-disant "amnistie" ne nous feront pas avancer d’un pas. Il ne s’agit pas ici d’un simple différend provisoire ou fortuit, mais de querelles concernant "la question nationale" et de la capitulation des vieux partis dans cette épreuve historique imposée par la guerre. »1 Partant de là, il en conclut à la nécessité d’une nouvelle Internationale.
Depuis sa prison berlinoise de la Barnimstrasse, Rosa Luxembourg ne dira pas autre chose quelques mois plus tard : « La tâche essentielle du socialisme consiste aujourd’hui à rassembler le prolétariat de tous les pays en une force révolutionnaire vivante et à créer une puissante organisation internationale possédant une seule conception d’ensemble de ses intérêts et de ses tâches. »2
Enfin, cette perspective va avant tout être portée par les bolchéviques. Dès novembre 1914, Lénine écrit : « La IIe Internationale a accompli, pour sa part, un utile travail préparatoire d’organisation des masses prolétariennes, pendant une longue époque "pacifique" qui a été celle de l’esclavage capitaliste le plus cruel et du progrès capitaliste le plus rapide : le dernier tiers du 19e siècle et le début du 20e. À la IIIe Internationale revient la tâche d’organiser les forces du prolétariat en vue de l’assaut révolutionnaire contre les gouvernements capitalistes, de la guerre civile contre la bourgeoisie de tous les pays pour le pouvoir politique, pour la victoire du socialisme ! »3