Gréve initiée par les professionnelLEs et soutenue par les syndicats
Cette grève n’a pas été initiée sur un mot d’ordre syndical mais sur la volonté des professionnelLEs des urgences de plusieurs hôpitaux parisiens de ne plus se résigner à subir la violence des patientEs, le manque de matériel pour travailler correctement et le manque de reconnaissance financière des efforts surhumains qu’ils fournissent chaque jour travaillé. Et c’est pour cela que les grévistes sont impliqués et se sont appliqués à étendre la lutte aux autres servies d’urgences, en créant un collectif, en téléphonant et en se déplaçant dans chacun des 25 services d’urgence de l’APHP. C’est leur grève et pas celle des syndicats même s’ils/elles ont besoin des syndicats pour déposer un préavis de grève ou pour améliorer leurs revendications ou populariser leur mouvement. Ces derniers suivent, de bonne ou de mauvaise grâce, ne voulant pas rester à la traîne mais ne voulant pas non plus se sentir manipulés… en fait, n’ayant pratiquement pas d’expérience de travail et de coopération avec des collectifs de grévistes qui peuvent décider de formes d’actions assez radicales comme « se mettre à poil » devant le ministère, s’injecter de l’insuline pendant qu’une petite délégation est reçue chez Buzyn ou être en arrêt maladie collectif malgré les assignations pour l’effectif minimum, poussant les syndicats à repenser leur légitimité, leur modalité d’action ou leur utilité.
L’augmentation de salaire n’est plus un tabou
Aujourd’hui, les grévistes revendiquent haut et fort une augmentation de salaire. Le temps de l’abnégation est terminé. Alors que la plupart des grèves hospitalières précédentes portaient sur les conditions de travail et d’accueil des patients, les hospitaliers n’avaient pas revendiqué, de façon massive, pour leur salaire, depuis 1988. Même le mouvement de grève des hospitalierEs de 2015 n’avait pas revendiqué de reconnaissance salariale, la grève était restée défensive, notamment sur le nombre de RTT.
Lutte populaire et médiatisée
Cette lutte, inédite, s’étend sur tout le territoire et ce malgré l’été. 218 services en grève au 17 août. Les revendications étant légitimes et reconnues par les autres services d’urgences qui subissent la « maltraitance institutionnelle » qui s’abat sur les patientsEs ou sur le personnel. Cette lutte corporatiste « parle » à celles et ceux qui se sentent appartenir à un collectif et reconnuEs par ce dernier. La large couverture médiatique indique bien la popularité dont jouissent les professionnels en blouse blanche.
Une communication réfléchie
Le 18 mars, les urgences de St Antoine débutaient la grève et le 23 avril, un site Facebook arborant un logo de ralliement voyait le jour. Ce site et bien d’autres comptes numériques créés, le lendemain, comme Twitter, Instagram, Snapchat, Youtube, adresse mail et pétition Leetchi ont permis un « appel à tous les services d’urgences de France à rejoindre le mouvement afin de faire reconnaître la spécificité du travail aux urgences ». Ces outils numériques d’information jouent également un rôle fédérateur et coordinateur de toutes les luttes régionales en martelant la base des revendications communes, en créant une carte du mouvement, en appelant à des Assemblées Générales du collectif pour que cette lutte née parisienne soit ce qu’elle est actuellement….nationale. Aujourd’hui, le collectif inter urgences complète son matériel avec un site web expliquant vouloir « devenir un acteur de santé pour les paramédicaux des services d’urgences » et propose aux soignantEs d’adhérer à son association (CIU) dans le but de les protéger si leur droit d’alerte rentre en conflit avec leur devoir de réserve. o
CorrespondantEs
La loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) prévoit, chaque année, l’enveloppe fermée qui sera dédiée aux hôpitaux du territoire par le biais de l’Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM). Les gouvernements successifs limitent son augmentation à 2,4 % voire 1,8 % en 2016, quand les besoins sanitaires augmentent de 4% par an, une hausse essentiellement due au vieillissement de la population et aux coûts de plus en plus élevés des techniques médicales de plus en plus sophistiquées,
Les moyens alloués par le Parlement représentent, depuis 10 ans, entre la moitié et les deux tiers des besoins. Autrement dit, depuis de nombreuses années les moyens ne sont pas à la hauteur des besoins. Cela rend inévitable la catastrophe sanitaire qui vient.
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