Publié le Mardi 7 avril 2015 à 11h17.

Daniel Bensaïd, une politique de l’opprimé. De l’actualité de la révolution au pari mélancolique

Daniel Bensaïd fut l’un des théoriciens-militants les plus marquants des l’extrême gauche française. Son marxisme hétérodoxe, fermement axé sur la pensée stratégique, est resté fidèle à l’espérance révolutionnaire dans les décennies de renégation, de crise de la gauche et d’éclipse de la raison émancipatrice. Dans cette contribution, Darren Roso et Fabio Mascaro Querido revisitent la pensée de Bensaïd au regard d’une militance ininterrompue, scandée par les séquences de flux et de reflux des occasions révolutionnaires en Europe. De la crise révolutionnaire au parti, le marxisme de Bensaïd a su se réinventer, aidé de ses camarades intempestifs Peguy, Blanqui et Benjamin.

 

La crise révolutionnaire chez le jeune Bensaïd

Dans son parcours politique et intellectuel, notamment dans les deux dernières décennies, Daniel Bensaïd a construit une œuvre qualitativement et quantitativement immense, ce qui rend particulièrement difficile de savoir par où commencer. Est-il possible de trouver chez Bensaïd un leitmotiv qui nous permettrait de saisir le « fil conducteur » qui rendrait compte de l’évolution d’un travail intellectuel, comme le recommandait Gramsci ? À notre avis, ce « fil rouge » qui traverse la pensée de Bensaïd est la réflexion sur la notion de crise révolutionnaire et les possibilités d’un événement capable de briser le cercle vicieux du fétichisme de la marchandise et de la reproduction du capitalisme. À travers la notion de crise, le travail de Bensaïd commence et recommence dans les cycles de son propre engagement révolutionnaire. L’objectif de cet essai est d’analyser quelques aspects de l’œuvre et du parcours politique de Daniel Bensaïd à la lumière de la notion de crise révolutionnaire, laquelle, malgré ses transformations, est toujours restée une notion centrale dans la pensée du philosophe et militant révolutionnaire.

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